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Nous n'avons pas gardé les piétons ensemble!

«Merci de t'arrêter pour moi!» C'est par ces mots qu'une petite fille – dont le Bureau de prévention des accidents croit que cela nous intéresse de savoir qu'elle se nomme Vanessa – attire l'attention des conducteurs sur le danger des enfants sur le chemin de l'école.

Les esprits positifs se réjouiront sans doute de ce que ces affiches remettent involontairement à l'honneur le fait de dire merci aux conducteurs qui s'arrêtent pour laisser passer des piétons, politesse autrefois naturelle mais que de nombreux piétons, tout imbus des «droits» qui leur ont été conférés depuis quelques années par d'obscurs fonctionnaires fédéraux, omettent aujourd'hui .

Cela étant, et dans un registre plus critique, dès lors que l'âge minimum pour obtenir le permis de conduire n'a, à notre connaissance, pas été abaissé, on peut raisonnablement en déduire que cette petite fille ne s'adresse pas à ses camarades de classe, mais bien à des conducteurs de véhicules automobiles, donc à des adultes. Et dès lors que son message est affiché un peu partout, dans de nombreuses localités et au bord de nombreuses routes, on peut aussi en conclure qu'elle ne s'adresse pas qu'à ses seuls parents et grands-parents – sinon une simple carte postale déposée dans leur boîte aux lettres aurait suffi.

Ainsi, on est en droit de se demander s'il ne faudrait pas apprendre aux enfants – ainsi qu'aux responsables des agences de communication – que cela ne se fait pas de tutoyer des adultes que l'on ne connaît pas et qu'une telle situation exige donc le vouvoiement.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 11 septembre 2009)