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NON à D'Artagnan

La Nation s'est déjà exprimée à plusieurs reprises sur le thème de la police unique et de l'initiative D'Artagnan. Cette dernière est soumise au peuple le 27 septembre prochain et il convient de rappeler brièvement les motifs de notre opposition.

En lançant une initiative populaire pour forcer la main du gouvernement, en se révoltant publiquement contre l'autorité qui leur enjoignait de respecter leur devoir de réserve, en répandant dans la presse des accusations virulentes tant contre leur propre autorité de tutelle qu'à l'encontre des édiles communaux, les gendarmes de D'Artagnan ont agi en fauteurs de troubles. Leur action laissera des séquelles durables au sein du pouvoir cantonal, dans les relations que ce dernier entretient avec les communes, et aussi dans le fonctionnement général des forces de l'ordre.

Sur le plan policier, secondaire en l'occurrence, l'efficacité dépend de la qualité des hommes plus que de la pureté des organigrammes. Dans l'absolu, il n'y a pas de bon ou de mauvais système. On exagère beaucoup les quelques problèmes et couacs inhérents à l'organisation actuelle. La réalité est que la dégradation de la sécurité est due au laxisme de la justice, au manque d'éducation des jeunes et au délitement général de la société, beaucoup plus qu'à la collaboration parfois imparfaite entre une police cantonale et quelques dizaines de polices municipales. De toute manière, les policiers n'échappent pas à la nécessité de collaborer, que ce soit avec leurs collègues des autres cantons, de la Confédération ou encore de l'étranger.

Sur le plan politique, qui est ici primordial, les communes sont aujourd'hui libres d'entretenir leur propre corps de police, d'adhérer à une police intercommunale, de passer un contrat de prestation avec la gendarmerie ou encore de renoncer à exercer des tâches de police locale. Le coup de force des gendarmes vise à leur retirer cette liberté. Cette vexation interviendrait dans un contexte où les communes – qui n'ont pourtant pas démérité et dont la gestion n'a pas à rougir face à celle du Canton – se sont déjà vu retirer de nombreuses prérogatives tout en étant sommées de contribuer toujours davantage au règlement de factures cantonales sur lesquelles elles n'ont aucune emprise. L'initiative D'Artagnan, consciemment ou non, s'inscrit dans ce mouvement d'écrasement de l'autonomie communale par un pouvoir cantonal mû par la jalousie et la convoitise. L'efficacité très largement supposée d'une police unique ne justifie pas cette nouvelle restriction de la liberté des communes et de leurs autorités.

(La Nation du 28 août 2009)

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