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Il avait un téléfax: réfugié expulsé

Renvoyer les autres, ça non, mais Ahmed, Zaoui!

On a vu comment un ex-général chilien malade et en résidence surveillée pouvait servir d'exutoire aux mauvais instincts refoulés de la population. Mais on ne résiste pas à l'envie de rappeler un autre cas plus proche de nous, du moins jusqu'à il y a quelques jours. Ahmed Zaoui, militant islamique, suspecté de servir de relais aux terroristes algériens, a été expulsé de Suisse vers le Burkina Faso, qui l'accueille moyennant subventions et promesse d'une aide économique substantielle.

Quelques journalistes sensibles se sont émus de ce départ forcé, précipité, sous escorte de police, avec des enfants en bas âge. C'est oublier un peu vite l'ambiance qui régnait dans la presse lorsque Ahmed Zaoui était arrivé en Suisse, chassé par la Belgique qui n'en voulait pas. C'était alors un affreux terroriste, à l'âme noire et aux mains rouges. C'était un individu indésirable, encombrant, la Suisse n'en voulait pas et elle avait imposé son hébergement au Valais qui n'en voulait pas non plus. La police surveillait ses déplacements. La presse surveillait l'aide qu'il recevait de l'Etat, insupportable acte d'humanité envers l'intégrisme le plus inhumain. Le comble de l'indignation avait été atteint lorsqu'on avait découvert qu'Ahmed Zaoui possédait un téléfax et allait surfer sur internet à la bibliothèque de Sion.

Critiquer les «Tigres» tamouls, les communistes kurdes du PKK, les dealers albanais? Ça non! Mais Ahmed, Zaoui! Profite, bon peuple, de te défouler un peu avant que le couvre-feu ne soit rétabli. Pour une fois que nous tenions un réfugié authentiquement «politique», il a fallu qu'il paye pour tous les autres. Aujourd'hui, il prépare sa djihad dans une hutte à Ouagadougou. Ça lui apprendra à vouloir demander l'asile politique en Suisse.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 20 novembre 1998)