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Dieu qu'ils sont bêtes!

Religion pour la cent millième fois en mutation. Scoop.


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«Le Dieu nouveau est arrivé. Plus humain, plus moderne et sans confession». Titre vraisemblablement réalisé avec la dernière version de Charabia-Maker-Pro et paru en page «société & culture» d'un quotidien violet et heureusement en voie de disparition.

L'enquête de Mme Bloch nous dévoile les découvertes les plus récentes de la double pensée. Autrefois, lorsqu'on ne croyait pas en Dieu, on disait: «Je suis athée». Certains revendiquaient avec beaucoup de fierté cette profession de non-foi, mais, en matière de profession, justement, cela vous interdisait en principe d'exercer le métier de curé, de pasteur ou de théologien.

Avec la crise et la montée du chômage d'une part, et d'autre part la difficulté croissante de trouver des hommes d'Eglise un tant soit peu présentables, il fallait absolument élargir l'accès à la profession. Donc repenser, revisiter, redécouvrir, redéfinir, resituer et relooker ce Dieu qui baissait dans les sondages et ne plaisait plus aux électeurs. Fondre l'or de la Banque nationale avant qu'il n'y en ait plus et en sculpter quelque chose de marrant pour les enfants. Une tête de Mickey peut-être?

Objectif atteint. Cette «vision radicalement nouvelle» fait que «de nombreux théologiens se retrouvent dans ce nouveau Dieu». La «relecture de la vie de Jésus» permet à un «catholique convaincu» de «contester sa mort sur la croix et sa résurrection», tandis qu'un autre «passe à la trappe la virginité de Marie, les alléluias qui accueillirent le nouveau-né et les miracles». Des psychologues, historiens et autres bêtes rampantes peuvent enfin étudier «la religion comme une science humaine et le divin comme une réponse de l'homme aux interrogations universelles».

Et la journaliste d'ajouter: «Il y a deux cents ans, les ouvrages à caractère religieux qui paraissent cet automne dans les librairies auraient valu le bûcher à leurs auteurs» parce que c'était une époque «où le religieux se confondait avec la culture dominante». Aujourd'hui, les normes sur la qualité de l'air ne permettent plus de brûler tous les hérétiques et on n'apprend plus aux ecclésiastiques à donner des baffes, alors le clergé préfère «éviter la polémique». Prudente décision, qui permettra au chœur des babas hors Rome d'entonner son nouveau credo révolutionnaire: nous croyons en un dieu pluriel, multiple et convivial, ouvert et tolérant, créé par l'homme à son image. Alléluia, la religion est interactive et eurocompatible, tapez www.dieu.amen.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 21 novembre 1997)
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