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Un parti de plus en plus virtuel

Pêche aux électeurs sur le net

Le Parti radical a des idées. Pas des idées très originales, certes, mais des idées quand même. Par exemple, pour affirmer son rôle de pionnier, il a décidé de suivre le mouvement des nouvelles technologies de communication. Il a organisé, un peu partout en Suisse, la «première journée numérique d'un parti politique sur le thème de la société de l'information». A en lire le compte rendu, on ne voit guère la différence avec une journée non numérique qui aurait été consacrée à un autre thème. Sauf peut-être la possibilité de débrancher son ordinateur au troisième bâillement.

La résolution votée ce jour là contient des méga-octets d'émotions émues et de bons sentiments généreux, rédigés dans un charabia aussi rébarbatif qu'un condensé de javascript. Le Parti radical y réclame pêle-mêle des services qui existent déjà (des offres forfaitaires de connexion à internet, un accès internet à la portée de tous), d'autres qui sont en voie de réalisation (la reconnaissance de la signature numérique, le vote par internet), ou alors y exprime des revendications dont on ne voit pas le rapport avec la choucroute («encourager la formation et l'épanouissement de l'individu tout au long de l'activité professionnelle»). Non content d'apporter la bonne parole radicale-numérique aux électeurs potentiels du monde entier, le grand vieux parti a aussi pensé aux mécréants qui n'en veulent pas: il demande de «promouvoir l'utilisation des technologies de l'information dans des groupes de population qui n'y sont pas confrontés par la profession ou qui n'y voient pas un intérêt direct

Le Parti radical est-il de plus en plus virtuel? Les mauvaises langues racontent que les radicaux préparent un nouveau site internet: yena.com (prononcez: «y'en a point comme...»).

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 27 juillet 2001)