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Des bunkers terriblement quelconques

Quand les dictateurs, les terroristes et le Père Noël nous font rêver...

Les armes de destruction massive, les armes chimiques et bactériologiques, personne n'y croyait vraiment. Tout le monde savait que ce n'était qu'un prétexte, une invention. Personne ne s'étonne aujourd'hui que les soldats qui fouillent l'Irak n'aient rien trouvé de tout cela.

Par contre, on s'était pris à croire à une autre légende: celle des bunkers de Saddam Hussein. On avait envie d'y croire, surtout en Suisse où les forteresses ont toujours été un sujet de fierté - sauf dans l'esprit de nos chefs militaires actuels. Les descriptions du sous-sol de Bagdad, lues dans les journaux, étaient dignes des bandes dessinées de Blake et Mortimer: il devait s'agir de véritables palais enterrés, prêts à accueillir tout le régime Baas et ses divisions d'élite, disposant d'issues invisibles et de routes souterraines les reliant à l'aéroport...

Après avoir détruit l'Irak, les Américains viennent aujourd'hui briser nos illusions en révélant que ces fameux bunkers n'étaient que des abris classiques contre les bombardements, dotés de portes blindées quelconques et de cheminées d'aération parfaitement visibles de l'extérieur. Ces installations n'ont quasiment pas été utilisées pendant la guerre. Pourtant elles ont généralement bien résisté aux munitions spéciales censées les transpercer de part en part. Sur six colonnes, les journalistes nous racontent que tout ce qu'ils nous avaient raconté sur ces bunkers était faux. Comme tout ce qu'ils nous avaient raconté sur les fabuleuses caches d'Al-Qaïda dans les grottes de Tora-Bora...

On a beau grandir, ne plus croire au Père Noël et ne plus confondre ce dernier avec Ben Laden, on est quand même toujours déçu en découvrant que les légendes qui nous ont fait rêver n'existent pas.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 11 juillet 2003)