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Cyber-décadence

Eloge des conditions de travail des mineurs russes

Un accident dans une mine russe, où des dizaines d'ouvriers ont été pris au piège de galeries inondées. L'occasion de méditer sur ces travaux pénibles effectués durant de longues heures dans des conditions de sécurité déplorables. Survivance du paradis soviétique qui a longtemps fait rêver les communistes de l'Europe de l'Ouest, ceux-là mêmes qui réclament inlassablement l'augmentation des salaires et la diminution du temps de travail...

Travailler moins longtemps? Mais pourquoi faire? Pour regarder des émissions de téléréalité? Pour aller hurler comme des chimpanzés dans les gradins d'un stade? Pour s'entasser comme des sardines sur les plages en été et sur les pistes de ski en hiver? Pour passer son dimanche à s'ennuyer sur un banc public? Les patrons savent depuis belle lurette que les employés ne font rien d'intéressant de leur temps libre et qu'il convient donc de les faire travailler le plus longtemps possible.

On ne peut qu'être conforté dans cette conviction en découvrant, dans un récent magazine multimédias de la Télévision suisse romande, la dernière ânerie à la mode qui amuse des gens qui n'ont vraiment rien à faire: ça s'appelle «flashmob» et ça consiste à lancer sur internet des idées d'actions gratuites et insensées, comme se réunir devant un magasin de jouets pour y sucer son pouce. «Rien de plus simple que d'organiser une flashmob: il vous suffit de proposer votre idée sur Flashmob.ch en invitant les participants à se rendre à un endroit déterminé, à une heure précise pour commettre une action collective absurde. (...) Le phénomène est une application festive, frivole et parfois artistique, du concept originel de "smart mobs" ("foules intelligentes"), développé par l'intellectuel américain Howard Rheingold. Passerelle entre le monde virtuel et le monde réel, la flashmob prolonge l'esprit d'internet.» Et l'on n'échappe pas à l'avis du psychiatre de service qui estime que «de tels actes, dans une société aussi utilitaire que la nôtre, sont lourds de sens».

Heureux mineurs russes!

Une prochaine rubrique sera consacrée à expliquer pourquoi les patrons doivent payer le moins possible leurs employés.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 31 octobre 2003)