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Implantations – Genève planche sur son avenir

Si les Romands voient souvent la ville du bout du lac comme une métropole fourmillante de brasseurs d’affaires et lourde de milliards mystérieux, les Genevois, eux, regardent l’avenir avec inquiétude.

Dans un dossier «spécial Genève», L’AGEFI (18.12) a effectué un petit tour d’horizon: efforts des autorités pour attirer de nouveaux investisseurs, et réactions d’après-6 décembre de quelques sociétés nouvellement ou anciennement implantées à Genève.

Fini la saturation, la région genevoise a de la place à revendre. Mais quels sont ses atouts face à la concurrence des autres villes, des capitales avoisinantes? Jean-Claude Manghardt, directeur des affaires économiques du canton, rappelle que la campagne de promotion économique mise sur la qualité de l’accueil et la personnalisation des services plutôt que sur la fiscalité et les communications.

Lancée dans le courant de l’été, l’action porte déjà quelques fruits prometteurs: en plus des nombreuses demandes de renseignements, Genève vient d’accueillir la société américaine SciSor, spécialisée dans les analyses pharmaceutiques. Selon Raul Zavaletta, président de SciSor, la réputation internationale de la ville, les bonnes connaissances linguistiques d’un personnel disponible sur place et la tradition suisse de recherche pharmaceutique ont joué en faveur de cette implantation.

Deux semaines à peine après le «dimanche noir» de Jean-Pascal Delamuraz, les questions tournent bien sûr autour de l’avenir de Genève en dehors de l’Espace Economique Européen. Tous les responsables interrogés par L’AGEFI se déclarent déçus et désolés, convaincus que la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux était un atout pour le développement des affaires. Le banquier Yvan Pictet estime «grotesque et irréalisable» toute idée de sécession, mais voudrait relancer au plus vite le débat sur l’EEE, persuadé que d’«ici un an, les partisans du non auront révisé leur position».

Pourtant, les sièges ou les antennes installés à Genève – même Hewlett Packard qui avait fait du chantage au suicide durant la campagne sur l’EEE – tiennent maintenant à rester en Suisse et sont bien décidés à «faire avec» les conséquences du vote. Les sociétés qui n’ont pas de centre de production sur place devraient s’accommoder très facilement de cette situation. La qualité de la vie, le réseau dense des sociétés et organisations internationales déjà présentes à Genève, le brassage des cultures sont considérés comme des atouts décisifs pour Genève.

Genève restera donc un lieu de décision et poursuivra son développement économique, à condition bien sûr de faire des efforts continus dans le développement régional (collaboration avec les régions françaises voisines, mise en route de nouveaux grands chantiers). Et à condition d’investir dans des secteurs originaux, comme l’illustre institut Battelle qui, depuis trente ans, œuvre à Genève dans le domaine de la recherche sur mandat.

(Suisse-Info n° 6, février 1993)

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