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Catastrophe connue contre catastrophe nouvelle: oser un choix conservateur

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C’est avec un profond regret que la rédaction de La Nation a appris que Mme Anne-Catherine Lyon, lâchée par la direction de son parti, a décidé de «jeter l’éponge». Il est vrai que, à l’heure où les traditionnels tableaux noirs sont remplacés par des écrans tactiles multimédias, que peut-on encore bien faire d’une éponge, sinon la jeter? La recycler peut-être – ce n’est pas parce que l’initiative «Economie verte» a été rejetée qu’il faut renoncer à tout effort individuel. Ou alors lui proposer une carrière dans une série télévisée – où, sous le nom de Leo, elle rejoindrait sa camarade Bob, ce qui assurerait à sa notoriété un bel essor(age).

Nous devons cependant concéder que ce qui nous chagrine n’est pas tant cette éponge sacrifiée sur l’autel des moyens modernes d’enseignement, que la perspective d’un changement à la tête du département de la formation.

Les maîtres, y compris les plus réactionnaires, avaient fini par s’habituer à Mme Lyon. Avec elle, on savait à quoi s’attendre. Avec sa succession, on l’ignore. Qu’on ne vienne pas nous dire que ce sera peut-être mieux: on sait depuis belle lurette que, dans notre pauvre monde, les choses vont toujours de mal en pis, et que l’avenir n’est jamais aussi radieux que le passé! Même les pédagogues les plus réfractaires aux notes et à toute évaluation chiffrée savent qu’«un tiens vaut mieux que deux tu l’auras». Que peut-on dès lors attendre de la jeune génération du Parti socialiste? De ces jeunes militantes (à moins que des hommes soient admis à la candidature…) qui pourraient être tentées d’en faire davantage en matière de réformes scolaires? Le socialisme nouveau fera-t-il moins de dégâts que le socialisme traditionnel?

Non, décidément, le changement n’annonce jamais rien de bon. Cette sage sentence, inspirée par de nombreuses années d’expérience, pourrait d’ailleurs constituer… un excellent slogan électoral si Mme Lyon décidait de se présenter sous les couleurs de la Ligue vaudoise! Cette idée visionnaire – rompre avec toutes les positions que nous avons défendues jusqu’ici afin de mieux nous opposer au changement – réussira-t-elle à séduire les esprits les plus conservateurs?

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2054, 30 septembre 2016)