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Au loup!

La Suisse réintroduit des fonctionnaires fédéraux dans les Alpes

Peut-être ignoriez-vous qu’il existait un «Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage» (FNP)? Eh bien maintenant vous le savez. Même qu’il s’agit d’un organisme très utile puisqu’il mène actuellement une étude sur l’opinion des Suisses à l’égard des loups, des lynx et des renards.

«Les sondages d’opinion montrent que la majorité de la population suisse accueille favorablement le retour du loup. Mais là où il réapparaît vraiment, cette large adhésion est bien vite oubliée et l’opposition renaît; on se met à craindre pour ses moutons, pour le gibier et parfois aussi pour sa propre personne.» Il reste sans doute à montrer que les craintifs, les frileux, ne connaissent rien aux loups, et que les moutons qui prétendent en avoir peur ne se sont encore jamais faits dévorer. Pour cela, l’Institut a déjà procédé à des «entretiens non directifs» qui ont permis de classer les individus interrogés en trois catégories: les «opposants fidèles aux traditions», les «partisans post-modernes» et les «partisans ambivalents», ces derniers étant a priori supposés regrouper la majorité de la population helvétique.

Maintenant, le FNP veut «vérifier ces résultats» en procédant à une enquête, via son site internet (www.wsl.ch/land/evolution/predator/fwelcome.htm – une adresse qui en dit déjà long…). Une enquête qui sollicite notre avis au sujet des prédateurs précités, ainsi que sur la marmotte, le chevreuil, l’ours et le serpent, mais pas sur les poulpes géants, ni sur les dahus à poils longs, ni sur la manière dont les fonctionnaires fédéraux dépensent l’argent du contribuable pour des tâches urgentes et capitales.

Quant à moi, je souhaite qu’on se penche au plus vite sur la perception des petits chaperons rouges dans l’imaginaire collectif du loup.

(Le Coin du Ronchon, La Nation, 31 décembre 1998)