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C'est nul, mais ç'aurait pu être pire

Vaut-il encore la peine de s'en gausser ici, alors que nous avons été pris de vitesse? Car, à part quelques vieux schnockosaures coincés, le monde entier a déjà fait des gorges chaudes du prix Nobel de la paix décerné à l'Union européenne!

Même notre grande presse si europhile a jugé cette distinction quelque peu risible, tout en rapportant les commentaires désabusés et les petites phrases assassines glanés çà et là. «Prix décerné à titre posthume», ont ricané certains. L'ancien président polonais Lech Wałęsa, qui avait reçu ce même prix en 1983, s'est déclaré «surpris et déçu». C'est une «erreur tragique», a ajouté l'excellent président tchèque Václav Klaus, qui nous fait rêver d'un exil en Bohême à chaque fois qu'il prend la parole.

D'aucuns auront peut-être cru à une confusion avec le prix parodique «Ig Nobel» qui récompense des découvertes ou des expériences particulièrement bizarres, absurdes ou humoristiques.

Savez-vous par exemple qu'Arturas Zuokas, maire de Vilnius, a reçu le prix Ig Nobel de la paix en 2011 pour avoir démontré que le problème du stationnement illégal pouvait être résolu en écrasant les véhicules mal garés avec un véhicule blindé?

Plus sérieusement, sur un réseau social en vogue, un observateur particulièrement avisé de la scène politico-historique a pertinemment proposé de corriger le tir en 2015, lorsqu'on pourra attribuer le prix Nobel de la paix à la Suisse pour ses cinq cents ans sans guerre notable.

Concluons de manière réaliste: lorsqu'on consulte la liste des précédents lauréats du prix Nobel de la paix, on en trouve beaucoup de moins fréquentables que la clique de technocrates du Moloch bruxellois, et le choix de l'Union européenne nous a probablement évité bien pire: songez que ce prix aurait pu aller aux peu ragoûtantes Pussy Riot, à l'inquiétante «Armée syrienne libre», au trop normal François Hollande ou au trop durable Jacques Neirynck!

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 19 octobre 2012)