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Quatorze semaines sans vacances

Avez-vous remarqué comme nos concitoyens sont abattus, terrassés? La répression exercée au Tibet par un régime communiste n'y est pour rien, ni d'ailleurs la détention de Mme Bettencourt par un groupuscule marxiste. La vraie raison de cette mine déconfite est que quatorze semaines séparent les vacances de Pâques de la pause estivale. C'était écrit dans les journaux: rester quatorze semaines sans vacances, c'est plus que n'en peuvent supporter les enfants, les parents et les enseignants. Les longs week-ends, les nuits de repos et les après-midi de congé n'y changeront rien: cette cadence infernale dépasse ce qu'auraient pu endurer les plus endurants des Spartiates! (Pour les adultes sans enfants qui travaillent dans le secteur privé et pour les jeunes gens qui effectuent leur école de recrue, le problème se pose certainement de manière différente.)

Il faut agir sans tarder, car cette situation se produira à nouveau dans deux cent vingt ans, puis une nouvelle fois dans deux cent septante-sept ans. Heureusement, la solution est simple – c'était aussi écrit dans les journaux: il suffirait de déplacer la date de Pâques. Plus précisément: de placer Pâques à date fixe, à michemin exactement entre les vacances de février et celles de l'été. Qu'attend-on pour lancer une initiative fédérale?

Tout rentrera alors dans l'ordre. Les fêtes religieuses ne seront plus placées au gré d'anciennes superstitions, mais selon les principes infaillibles des mathématiques et en fonction des découvertes les plus récentes de la science. On les répartira à intervalles réguliers tout au long de l'année, en alternant les fêtes chrétiennes, juives, musulmanes et les autres. Il ne restera alors plus qu'à instaurer une durée identique pour chaque mois de l'année, à réguler efficacement le cours du soleil et les phases de la lune, et enfin à convaincre le reste du Monde de fixer Pâques en fonction des vacances scolaires vaudoises.

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 1834, 11 avril 2008)