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Hommes du feu, hommes de lettres

Tout avait commencé, autrefois, avec des seaux d'eau, que l'on se passait de bras en bras pour éteindre les incendies. Tout était simple autrefois.

Aujourd'hui, tout est compliqué. Très compliqué même. Les sapeurs-pompiers ont dû apprendre à faire fonctionner de nouveaux engins plus sophistiqués, à manier de nouveaux outils, à découper des carcasses de voitures, à récupérer des produits dangereux. Surtout – et c'est sans doute la mission la plus complexe –, ils doivent désormais apprendre qui ils sont. A Genève, Neuchâtel et Yverdon, le service du feu est devenu le SIS (Service d'incendie et de secours), tandis qu'à Lausanne, on a préféré créer le SSI (Service de secours et d'incendie). Alors que les Valaisans adoptaient les initiales CSI (Centre de secours incendie), ceux des Vaudois qui n'avaient pas encore d'abréviation se sont vus imposer celle de SDIS (Service de défense incendie et de secours), à ne pas confondre avec le SDIS français (Service départemental d'incendie et de secours). Dans une seconde phase de réforme, l'ECA (Etablissement cantonal d'assurance-incendie) a décrété plusieurs catégories de SDIS: les CSP (corps de sapeurs-pompiers, à ne pas confondre avec les CSP français qui sont des Centres de secours principaux), les CDIS (Centres de défense incendie et de secours), les CPDIS (Centres principaux de défense incendie et de secours), les CRDIS (Centres régionaux de défense incendie et de secours) et le CCDIS (Centre cantonal de défense incendie et de secours), qui n'est autre que le SSI de Lausanne. Pour être complet, il faut savoir que les CDIS, CPDIS, CRDIS et CCDIS possèdent tous des DPS (Détachements de premiers secours), et qu'ils sont coordonnés par le CTA (Centre de traitement des alarmes) de Pully.

L'ECA prétend vouloir conserver une organisation de milice. On peut en douter: seuls des professionnels sont en mesure d'apprendre tout cela! Et les connaissances techniques ne suffisent plus. Aujourd'hui, pour être sapeur-pompier, c'est les lettres qu'il faut avoir étudiées.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 4 mai 2001)