On peut toujours rêver
D’autres que nous commenteront savamment et sérieusement la mascarade au terme de laquelle une cour de justice hors sol a «condamné» la Suisse pour «inaction climatique» (il est vrai que chez nous le thème du climat est totalement passé sous silence, pas comme en Ukraine ou au Proche-Orient). A ce stade, la seule question importante – et un peu inquiétante aussi – est de savoir si la Confédération aura le courage d’accorder à ce non-événement toute l’inattention qu’il mérite.
En attendant, mieux vaut en rire et rêver à tout ce que nous pourrions faire d’utile et de magnifique si nous étions meilleurs que les autres pour noyauter la justice. Nous pourrions envoyer à Strasbourg des collectifs aux noms évocateurs, des «grands-parents pour le fédéralisme», des «oncles et tantes pour la neutralité», des «mémés pour la sécurité en ville» et des «papys pour la mobilité individuelle», sans oublier les «parrains et marraines pour l’orthographe», les «vétérans pour le service militaire obligatoire», les «aînés pour la pluralité des médias» et les «séniors pour l’alimentation carnée». La Confédération, le Canton et sa capitale se retrouveraient condamnés, couverts d’opprobre à la face du monde, pointés du doigt pour la décadence civilisationnelle qu’ils nous infligent et pour les menaces qu’ils font planer sur les générations futures.
De tels procès donneraient l’occasion à de bons avocats d’aller parader eux aussi dans les médias, et les retraités qui s’engageraient ainsi pour de vraies causes auraient bien mérité leur 13e rente AVS.
(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2251, 19 avril 2024)