Le retour des sorcières, diables et autres démons
Sombres menées au pays des Lumières
La France est envahie par les sorcières, les diables et les démons. Près d'un habitant sur cinq en serait. On ne les voit pas, ou très rarement, mais on sait qu'ils sont là. Ils se cachent au milieu des braves gens dont ils prennent l'apparence pour qu'on ne puisse pas les reconnaître. Ils se livrent à des sacrifices horribles dont ils effacent les traces, mais dont tout le monde assurément connaît l'existence.
Chefs de clans, guerriers, vieux sages, femmes et enfants, prêtres et commerçants, tous se mobilisent et se pressent dans la rue pour braver Belzébuth. Pourtant ils sont terrorisés à l'idée de le rencontrer au coin d'une rue, lui ou l'un de ses suppôts. Les pancartes sont brandies comme des talismans, et les slogans hurlés sont autant d'incantations destinées à se prémunir contre les troupes de Satan. Partout on crie qu'on veut les affronter, les chasser, les mettre à mort - comme on peut le lire sur des banderoles. Mais face à un ennemi doué de pouvoirs surnaturels et maléfiques, l'effroi se lit sur les visages. On publie des noms de suspects, des adresses, mais chacun espère qu'un autre courageux ira les anéantir, car personne ne veut courir le risque de damner son âme en se retrouvant face à un être possédé par le Malin.
Et comme souvent en ces circonstances, les plus craintifs donnent dans la surenchère, imaginant que les grossièretés les plus extrêmes et les grimaces les plus sophistiquées les mettront mieux à l'abri des sortilèges. Et comme souvent aussi, les peurs de la populace servent opportunément les intérêts de quelques individus moins crédules et plus cyniques, augures avides de richesses, politiciens en mal de nouveaux mandats, ecclésiastiques à la recherche de fidèles, minables en quête d'un peu de gloire.
Admirateurs du Moyen-Age, réjouissez-vous! La France est, dit-on, le pays des Lumières, mais ce sont celles des bûchers sur lesquels on brûle les sorcières...
(Le Coin du Ronchon, La Nation du 3 mai 2002)
Chefs de clans, guerriers, vieux sages, femmes et enfants, prêtres et commerçants, tous se mobilisent et se pressent dans la rue pour braver Belzébuth. Pourtant ils sont terrorisés à l'idée de le rencontrer au coin d'une rue, lui ou l'un de ses suppôts. Les pancartes sont brandies comme des talismans, et les slogans hurlés sont autant d'incantations destinées à se prémunir contre les troupes de Satan. Partout on crie qu'on veut les affronter, les chasser, les mettre à mort - comme on peut le lire sur des banderoles. Mais face à un ennemi doué de pouvoirs surnaturels et maléfiques, l'effroi se lit sur les visages. On publie des noms de suspects, des adresses, mais chacun espère qu'un autre courageux ira les anéantir, car personne ne veut courir le risque de damner son âme en se retrouvant face à un être possédé par le Malin.
Et comme souvent en ces circonstances, les plus craintifs donnent dans la surenchère, imaginant que les grossièretés les plus extrêmes et les grimaces les plus sophistiquées les mettront mieux à l'abri des sortilèges. Et comme souvent aussi, les peurs de la populace servent opportunément les intérêts de quelques individus moins crédules et plus cyniques, augures avides de richesses, politiciens en mal de nouveaux mandats, ecclésiastiques à la recherche de fidèles, minables en quête d'un peu de gloire.
Admirateurs du Moyen-Age, réjouissez-vous! La France est, dit-on, le pays des Lumières, mais ce sont celles des bûchers sur lesquels on brûle les sorcières...
(Le Coin du Ronchon, La Nation du 3 mai 2002)