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Swiss Army

Contre la confusion des langues et la fusion des cantons

Il y a deux ans déjà, des officiers de renseignement expliquaient dans les cours de répétition que l'armée suisse allait adopter les symboles et désignations en usage dans l'OTAN afin de devenir compatible avec les forces de cette alliance, et qu'une partie des officiers devrait dorénavant s'exprimer en anglais.

Après les tenues d'assaut déjà calqués depuis quelques années sur celles des Américains, on a récemment appris que les tenues de sorties seraient elles aussi adaptées, en l'occurrence pour les surcharger de babioles décoratives et honorifiques censées flatter l'égo du soldat tout en le faisant ressembler à un «sapin de Noël», selon l'expression d'un journal alémanique.

Maintenant, l'anglais s'installe dans la vie quotidienne de la troupe. Les grandes manœuvres, qui portaient autrefois des noms italophones facilement prononçables, s'appellent désormais «FLINTSTONE», par exemple. Les comandants de compagnie prennent la peine de prononcer ça avec l'accent anglais mais pas d'expliquer aux bidasses ce que cela signifie. Et ils poussent la provocation jusqu'à désigner des détachements «ONE», «TWO», «THREE», etc.

Tel sergent, genevois de provenance et d'accent, s'indigne en riant à moitié: «Assez d'anglicismes! Refusons l'impérialisme américain!» Tandis qu'un brave caporal vaudois préfère répondre: «Ma foi, aujourd'hui, c'est partout comme ça...». Différence de mentalité... A défaut de changer l'armée suisse, n'oubliez pas d'aller voter contre la fusion Vaud-Genève!

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 31 mai 2002)