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Jamais contents!

Du soleil, de la pluie, des ronchons et des autres

La météo constitue le principal sujet de conversation du citoyen moyen. Le temps qu'il fait, le temps qu'il a fait, le temps qu'il fera. «Un rayon de soleil, pourvu que ça dure!», ou: «quel temps de chien, vivement le retour des beaux jours!». On évoque de lointains pays «où il fait toujours beau», en laissant entendre que l'endroit où l'on se trouve présentement n'est qu'un épouvantable pot de chambre. Et c'est désormais en toute saison que, comme un long cortège de tournesols, les vacanciers transhument vers le sud à la recherche du soleil et de la chaleur.

Depuis deux semaines, le beau temps, on l'a. Plus besoin d'aller le chercher sur les plages des Caraïbes ou des Canaries: il est sur les rives du Léman. Chacun peut enfin ressentir cette moiteur de l'été dont il rêve durant dix mois par année. Le bonheur parfait? Eh bien non! La météo constitue encore et toujours le principal sujet de conversation du citoyen moyen, mais cette fois pour se lamenter, suant et transpirant, sur «cette chaleur étouffante» qui empêche de travailler, de réfléchir, de marcher, de manger, de dormir, mais pas de se plaindre. Un retournement à 180 degrés, si l'on ose dire!

C'est vrai qu'il fait inhabituellement chaud, qu'on ne peut pas vivre à un rythme aussi soutenu que le reste de l'année et que ce n'est vraiment pas le bon moment pour qu'un frigo tombe en panne... Et alors? De toute manière, on ne peut rien y changer!

C'est là que l'on reconnaît les vrais ronchons: ils ne se plaignent pas de la météo. Ils se plaignent toujours de ce dont les autres gens ne se plaignent pas, mais pas de ce dont les autres gens se plaignent toujours. La météo est probablement la seule chose dont les vrais ronchons ne se plaignent pas.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 28 juin 2002)