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Hariri qui rira bien

Preuve de la différence entre les Genevois et les Vaudois. Eloge d'au moins un principe du Hezbollah.

En 1987, Monsieur Hussein Hariri, Libanais de 21 ans se réclamant du Hezbollah, détourne un avion sur l'aéroport de Genève. Il menace de faire exploser l'appareil, abat un passager et blesse un membre de l'équipage avant d'être maîtrisé. Condamné à la réclusion à vie, il réussit à s'évader de la prison de Bochuz en 1992. Repris au bout de quelques jours, il commettra encore d'autres tentatives d'évasion et mettra deux fois le feu à sa cellule. En septembre 2002, ce détenu à la conduite exemplaire bénéficie d'un congé dont il profite pour disparaître aussitôt, laissant derrière lui divers documents et manuels de technique aéronautique – son hobby préféré! Il sera arrêté une nouvelle fois au Maroc à la veille de Noël.

Le brillant cursus de ce beau barbu a apparemment séduit une politicienne vaudoise, siégeant à Berne sous la bannière écologiste. L'écologie consistant à défendre tout ce qui se trouve dans la nature, et M. Hariri se baladant justement dans la nature, il était tout naturel qu'une écologiste s'enthousiasme à le défendre. Et quel enthousiasme! La conseillère nationale s'apprête, dit-on, à publier un livre de ses entretiens avec le pirate de l'air. Mieux, au moment où son protégé a été repris, elle s'est fendue de déclarations gratinées: «Cette nouvelle m'attriste beaucoup. J'espérais qu'il arriverait à rejoindre le Liban, à échapper à la police.» Et de justifier au passage la fuite du terroriste en expliquant que celui-ci subissait des «humiliations» de la part d'un gardien de prison.

On peut se réjouir que soit ainsi prouvée scientifiquement toute la différence culturelle entre les Genevois (qui arrêtent les terroristes) et les Vaudois (qui font tout pour les faire évader). Mais on peut aussi être bien fâché de voir une représentante de notre Canton lui faire une aussi lamentable publicité.

A supposer qu'un membre d'un organe législatif ait le droit de déplorer publiquement l'application de la loi, à supposer que l'on tolère cet anarchisme de bas étage de la part d'une politicienne qui se croit encore à l'époque de la Fraction Armée Rouge, à supposer enfin que la députée écologiste n'ait réellement aucune responsabilité dans la dernière évasion (car il paraît qu'il y a eu complicité!), à supposer donc qu'on ne puisse pas réunir le monsieur et la dame dans une même cellule de Bochuz, alors peut-être conviendrait-il de les exiler tous les deux et de les laisser rejoindre le Hezbollah, là où les femmes n'ont pas le droit d'ouvrir la bouche pour dire de monstrueuses sottises!

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 10 janvier 2003)