Tous mes articles

Autres lieux, autres mœurs

Mais pas toujours, hélas

Au milieu de la campagne et des arbres, vous n'avez pas vu le panneau «entrée de localité». Vous n'avez pas vu non plus le radar. Surgissant d'une VW Vento banalisée, un policier vous fait signe de vous arrêter. Apres avoir regardé vos papiers, il vous montre un boîtier électronique dont l'écran affiche «94 km/h» et il vous explique, en écrivant le chiffre au dos de son règlement de service, que la vitesse était limitée à 50 km/h. Heureusement, la scène se passe à l'Est de la Pologne, à 50 kilomètres de la frontière avec l'Ukraine. Le dépassement de 44 km/h en localité est sanctionné par une amende de 400 zlotys, soit environ 160 francs suisses. Vous n'avez sur vous que 290 zlotys. Vous pensez pouvoir marchander. Mais ce n'est pas la peine: vous n'avez pas fait étalage de vos (maigres) connaissance de la langue locale, les policiers rechignent à entreprendre des démarches administratives compliquées, ils ont peur d'être accusés de corruption s'ils encaissent une somme inférieure, et comme ils ne savent pas quoi faire de vous, ils vous rendent vos papiers en vous faisant comprendre qu'il ne faut plus recommencer. Vous vous souvenez comment l'on dit «merci beaucoup» en polonais.

On aurait tort de croire que tout est si différent de chez nous. Une enseignante de la région explique qu'elle a décidé de changer de métier parce qu'elle ne supportait plus l'évolution de l'école. «La discipline devient catastrophique, les élèves ont tous les droits. Et il y a maintenant toutes ces nouvelles méthodes que l'Etat veut nous imposer. On ne nous dit plus ce que nous devons enseigner mais comment nous devons le faire! On nous oblige à suivre de nouvelles formations pédagogiques, et ces méthodes n'arrêtent pas de changer...»

Un jumelage peut-être?

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 24 juin 2005)