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Méchants, dangereux, féroces, abattus, mais pourquoi fédéraux?

On l'a échappé belle! Les parlementaires fédéraux ont bien failli considérer que la lutte contre les chiens méchants ne concernait pas la Confédération – méconnaissant ainsi que tout concerne la Confédération. Heureusement, les journalistes veillaient. Les présentatrices du téléjournal, qui en remettaient une couche chaque soir. Les rédacteurs de pravdas locales aussi, qui en rajoutaient pour faire pleurer leurs lecteurs. Comment? Des enfants meurent sous les crocs de ces bêtes féroces et les politiciens à Berne ne font rien? Le journalisme est ainsi. Populiste, sans finesse, mais puissant. Sous la pression médiatique, la Confédération créera des lois contre les chiens méchants. Pas contre les loups, ni contre les lynx, ni contre les ours, ni contre les gentils rappeurs qui arrachent les doigts des policiers avec leurs dents. Non, juste contre les chiens méchants, parce que le Blick et 24 heures ont dit qu'il fallait faire ainsi.

Admettons que le sujet est sensible. Des papas et des mamans parfaitement respectables, voire mieux encore, affirment parfois qu'il faudrait «abattre toutes ces sales bêtes» (les chiens dangereux, ndlr). C'est une réaction assez saine que l'on ne se permettra assurément pas de critiquer. Mais pourquoi diable faudrait-il une loi fédérale pour abattre des sales bêtes?

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 31 mars 2006)


P.S.: Dans une version récente du logiciel de traitement de texte Word, l'expression «chiens méchants» apparaît soulignée en vert, c'est-à-dire comme une erreur grammaticale, et une fenêtre de contrôle indique: «Chiens méchants: cet adjectif suit rarement le nom». Qu'en pensent les facteurs? La société de M. Bill Gates est-elle infiltrée par le lobby canin? Voilà un beau sujet d'indignation pour nos journalistes.