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Hâte-toi lentement

...et laisse-moi rouler!

Comme chaque année pendant les vacances de Pâques, de nombreux vacanciers se sont lancés sur les routes bondées en direction du sud, causant des kilomètres d'embouteillages, de multiples accidents et maints autres inconvénients. Une occasion pour de nombreux écologistes de rappeler leur désamour de la civilisation et de ses frénésies parfois absurdes, et conséquemment leur aspiration à redécouvrir la pureté originelle telle qu'ils la conçoivent, faite de calme et de tranquillité, de petites fleurs et d'animaux sauvages, et bien sûr de mobilité douce, la douceur s'exprimant idéalement dans la force humaine exempte de toute énergie extérieure.

Cet art de vivre s'exprime en particulier dans les «slow-up», sortes de grandes rencontres populaires où la gent écologiste se retrouve pendant une journée dans une région entièrement fermée au trafic automobile qu'elle parcourt à pied, en vélo ou en patins à roulettes. Les «slow-up» sont organisés notamment par les milieux de promotion de la santé, l'objectif étant d'«encourager les personnes sédentaires à se dépenser physiquement», à défaut de les encourager à parler en français.

La dernière de ces grandes messes de la mobilité douce a eu lieu dimanche dernier autour du lac de Morat. Un communiqué de l'ATS nous apprend que 85'000 personnes s'y sont précipitées, que les organisateurs ont «failli être débordés», que des «bouchons de piétons» se sont formés, que deux accidents avec blessés se sont produits et que les samaritains ont dû intervenir pour de nombreux malaises dus à la chaleur et à la promiscuité.

Pour vraiment apprécier la nature, il faut une voiture climatisée et des routes désertes.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 28 avril 2006)