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De l'utilité du pitbull contre le monitoring de l'ours

On a déjà parlé ici de l'ours, du loup, du lynx et des autres animaux de compagnie que l'administration fédérale veut réintroduire aux abords de nos villes. Ces créatures du bon Dieu remplaceront bientôt le chien, dont les journalistes et les experts s'accordent à dire qu'il est décidément trop dangereux pour l'homme.

Toute réflexion d'un fonctionnaire fédéral dégénérant en «concept», il existe désormais un «Concept ours brun Suisse». La majuscule de «Suisse» montre qu'il ne s'agit pas d'un adjectif, qu'il n'y aura donc aucune discrimination en raison de la nationalité (alors qu'il y en aura une fondée sur la couleur, les blancs étant exclus!) et que les ours étrangers seront chez eux chez nous. On apprend avec intérêt que ces bestioles se classent en quatre catégories: les ours farouches, les ours nuisibles, les ours problématiques et les ours à risque, cette dernière distinction étant attribuée à l'animal qui «s'est attaqué à une personne de manière agressive, la blessant, voire la tuant».

Heureusement, le «concept» est conçu comme un guide pratique, bourrés de conseils utiles en cas de nez-à-museau avec un plantigrade de couleur: si vous êtes un promeneur, vous devez «chantonner, détourner l'attention de l'ours en posant quelque chose sur le sol»; si vous êtes un éleveur et que vos animaux sont attaqués, «n'essayez pas de le chasser avec un bâton, des pierres ou en l'éblouissant: cela peut le provoquer…»; si vous êtes un pêcheur, pensez à vous tenir loin de la berge car «on trouve souvent des ours dans les bosquets voisins, surtout au printemps» (vous n'aviez pas remarqué?); et si vous êtes un chasseur, «ne tirez jamais sur un ours» car «le risque de le manquer est grand, à cause du stress».

Vous pensez que ce sont des gags? Le document figure sur internet (www.umwelt-schweiz.ch) et prêterait en effet à rire s'il ne portait le sceau officiel de la Confédération. Dix-huit pages ahurissantes rédigées par des fous furieux qui estiment que la mort de quelques êtres humains est un prix normal à payer pour le maintien de la biodiversité. La seule chose qui pourrait encore nous sauver serait que ces hurluberlus, ainsi que l'armada de fonctionnaires qui vont être chargés du «monitoring de l'ours» (sic!), se fassent rapidement dévorer par des pitbulls…

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 12 mai 2006)