Impossible n’est pas anglais

On rencontre chaque jour de sages penseurs qui nous pressent de sortir des sentiers battus, qui nous exhortent à quitter notre confort quotidien pour essayer de nouvelles choses, pour sauter dans l’inconnu, pour nous trouver nous-mêmes et pour tracer notre propre voie à l’écart du conformisme et des idées toutes faites. Dans les médias, on nous présente en exemple des personnes qui, au milieu d’une brillante carrière professionnelle, ont tout plaqué pour aller élever des chèvres au Larzac – et elles sont plus épanouies ainsi, et leur famille qui s’inquiétait de leur choix a fini par comprendre que c’était une belle et courageuse décision. Sur les réseaux sociaux, on ne compte plus les aphorismes et les citations du genre: «Ceux qui pensent qu'il est impossible d'agir sont généralement interrompus par ceux qui agissent.» Ou: «Le difficile, c'est ce qui peut être fait tout de suite; l'impossible, c'est ce qui prend un peu plus de temps.» Et bien sûr l’incontournable: «Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait.»

Eh bien voilà. Les Anglais ne savaient pas qu’il était impossible de quitter l’Union européenne, alors ils ont décidé de le faire.

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2048, 8 juillet 2016)