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Statistique en deçà de 49%, crime au-delà

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Il s'est passé au début de ce mois, en France, quelque chose de surprenant, de nouveau, d'unique et d'épatant: un journaliste – hors fonctions, il est vrai – a révélé au public une vérité que le pouvoir aurait voulu taire! M. Robert Ménard, ancien fondateur de Reporters sans frontières, ancien militant de la Ligue communiste révolutionnaire mais aujourd'hui «proche du Front national», et élu maire de Béziers en 2014, a affirmé qu'il y avait «64,6% d'élèves de confession musulmane dans les écoles publiques» de sa ville. Ce faisant, il s'est attiré les foudres hystériques de toute l'officialité de la République. Le premier ministre Manuel Valls aurait tweeté: «Honte au maire!» et la police a été diligentée pour interroger M. Ménard et perquisitionner la mairie, le «fichage ethnique» étant interdit par la loi «informatique et libertés» (sic!).

Quelques esprits facétieux se sont cru obligés de rappeler que le même Manuel Valls, en 2009, se déclarait ouvertement favorable aux statistiques ethniques, qu'il estimait indispensables pour démontrer la ségrégation dont les immigrés sont censés être victimes: «Pour certains, les statistiques ethniques mettraient en cause les valeurs de la République, alors qu'au contraire, c'est l'absence de mesures concrètes qui est à craindre», avait-il déclaré sur un plateau de télévision. Et un représentant de la communauté africaine avait soutenu ces propos: «On a besoin de savoir quelle est la réalité pour que les choses puissent changer.»

Cette anecdote, qui illustre le principe de «non contradiction sauf instructions contraires», permet de préciser la législation applicable: la récolte de données relatives à l'origine ethnique est autorisée lorsqu'elle est censée démontrer que les immigrés sont minoritaires, et strictement interdite lorsqu'elle commence à prouver qu'ils sont largement majoritaires.

Pensez-y si vous devez vous rendre en France: évitez de vous y endormir en comptant les moutons blancs et les moutons noirs*, sauf à vous être préalablement assuré que les seconds sont moins nombreux – auquel cas vous aurez toutefois l'obligation de prendre des mesures de discrimination positive jusqu'à ce que leur nombre soit tel que vous n'ayez plus la permission de les compter.

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2019 du 29 mai 2015)

* Cas échéant, vous pouvez vous rabattre sur les chats qui, la nuit, ne posent aucun problème de couleur.