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Démocrates d'ici et d'ailleurs

Dimanche, en zappant parmi quelques programmes de télévision de pays exotiques, nous sommes tombé sur un discours remarquable. Il y était question de retrouver la grandeur de la France, d'encourager les Français à aimer leur pays et à le défendre face au reste du monde. L'orateur exhortait ses compatriotes à s'unir autour d'une solidarité à la fois nationale et familiale. Il dénonçait les diktats de l'étranger, les prévarications de la finance apatride. A l'exaltation du travail, de la famille et de la patrie, le discours ajoutait une référence religieuse, avec l'évocation des périls qui menacent les chrétiens d'Orient. Lorsque les caméras filmaient la foule, on voyait celle-ci agiter des centaines de drapeaux français. On s'attendait à entendre le public entonner Maréchal, nous voilà!

Mais non. Le petit bonhomme qui venait ainsi de terminer sur de rauques vociférations, déclenchant à ses pieds un délire d'ovations frénétiques dans une mise en scène exaltée, n'était ni maréchal, ni chancelier. Son visage, affiché en gros plan sur l'écran, montrait un sourire crispé, tiré, étudié, terriblement faux, qui le faisait ressembler à Stan Laurel en moins drôle. L'encyclopédie en ligne Wikipedia nous dit que ce prosélyte de la France, de la chrétienté, de la famille et du travail est «fils de Pal Sarközy de Nagy-Bocsa, immigré hongrois, et d'Andrée Mallah, d'origine française (Rhône-Alpes) et juive séfarade (de Salonique)» et qu'il s'est marié trois fois avec Marie-Dominique Culioli, Cécilia Ciganer-Albéniz et Carla Bruni-Tedeschi. On apprend qu'il a effectué son service militaire «dans le 15e arrondissement de Paris». On découvre ses liens avec les financiers internationaux, ses actions en faveur de la discrimination positive et des quotas d'immigration, son soutien à la nomination d'un préfet musulman, etc. Les Français qui acclamaient leur candidat dimanche dernier à Paris avaient-ils lu Wikipedia?

En éteignant la télévision, on n'était vraiment pas devenu plus démocrate. Ni plus socialiste. Et pourtant… on en arrivait presque à se prendre d'une discrète et honteuse tendresse, malgré tout, pour notre gouvernement vaudois.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 20 avril 2012)