Tous mes articles

L'arroseur à la rose arrosé

Parce que le titre de son initiative «Contre tous ceux qui ont plus de pognon que moi» a séduit une majorité du peuple, M. Thomas Minder est passé du statut de modeste entrepreneur à celui de héros fédéral. Y compris parmi nos proches, qui ne comprennent pas qu'on puisse lui reprocher quoi que ce soit. Il tire au canon sur des mouches en visant à côté? Et alors? Les canons, c'est très bien (foi d'artilleur) et les mouches, c'est aussi nuisible que les écolos, alors où est le problème? Quand on verra les mouches continuer à voler autour du canapé éventré, on dira simplement qu'on n'a pas tiré assez fort.

Les écluses de la jalousie sont donc désormais ouvertes et on va assister à une surenchère de revendications législatives «contre les gens qu'on n'aime pas» et «contre ceux qui ont plus que les autres». Ça risque de partir dans toutes les directions. M. Daniel Vasella, lui, ne risque pas grand-chose, d'abord parce qu'il est parti payer ses impôts aux Etats-Unis, ensuite parce que son passé de militant de la Ligue marxiste révolutionnaire a commencé à ressurgir dans certains articles et que la gauche politique et médiatique préférerait donc ne plus trop parler de cet ancien compagnon devenu plus riche que les autres. En revanche, les socialistes se verraient bien «surfer sur la vague» Minder pour attaquer toute l'économie privée et la mettre en coupe réglée entre les mains bienveillantes de l'Etat planificateur et redistributeur.

Or une mauvaise surprise les attend: M. Minder ne sait pas seulement viser à côté mais aussi dans toutes les directions en même temps et de manière assez imprévisible. Il a en effet fait savoir qu'il avait maintenant l'intention de s'attaquer aux traitements princiers… des hauts fonctionnaires.

Aïe! Cette fois, ce n'est plus seulement un ancien marxiste qui est visé, mais toute la clique des bobos socialistes. «Viser» est certes un bien grand mot et la probabilité est forte que le boulet s'écrase plutôt sur de malheureux innocents. Mais les élites de gauche ne sont tout de même pas trop rassurées: gageons que, d'ici peu, le chœur des médias traitera le héros Minder de vilain populiste qui exagère!

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 22 mars 2013)