Z comme zeuls-au-monde

Chaque publication de la Feuille fédérale nous annonce le lancement de nouvelles initiatives populaires, la plupart d'entre elles manifestement imaginées en fin de soirée par des bandes de joyeux drilles convaincus d'avoir trouvé les quelques phrases miraculeuses qui, ajoutées dans la Constitution fédérale, permettront de résoudre leurs problèmes et de sauver le monde.

Parmi les derniers avatars de cette coutume bien helvétique, on trouve une initiative intitulée «Davantage de places de formation en médecine humaine (Halte à la pénurie imminente de médecins!)». Il s'agirait bien entendu d'une nouvelle compétence accordée à la Confédération pour forcer les cantons à planifier leurs besoins en matière de formation médicale, et pour planifier à leur place «si elle évalue les besoins différemment» (sic!).

N'entrons pas ici dans le débat épineux sur la planification médicale et sur la question de savoir s'il ne vaudrait pas mieux imposer une diminution du nombre de malades réels et imaginaires! Contentons-nous de remarquer que les auteurs de cette initiative sont pour le moins concentrés,– géographiquement s'entend. Sur vingt-deux membres du comité d'initiative, quatorze sont domiciliés à Zurich ou dans le canton de Zurich. Les autres sont tous alémaniques; le plus proche de la Suisse romande réside dans la partie germanophone du canton de Fribourg et se nomme… Simon Zurich!

Nous n'allons pas faire ici de racisme primaire contre les Suisses allemands. Mais nous attirons l'attention des citoyens des cantons romands sur ce qui pourrait se passer en cas d'acceptation de l'initiative populaire pour l'élection du Conseil fédéral par le peuple – initiative dont les auteurs n'ont même pas récolté dix pour-cent de leurs signatures en Suisse romande.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 17 mai 2013)