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Plus de postes

L'Union européenne a imposé la libéralisation des télécommunications, grâce à laquelle nous perdons beaucoup plus de temps à ne rien dire au téléphone tout en étant inondés de publicités anglophones insipides. L'Union européenne a aussi imposé la libéralisation des chemins de fer, grâce à laquelle les trains sont désormais les mêmes dans toute l'Europe, tandis que les transports publics continuent à coûter de plus en plus cher aux contribuables.

L'Union européenne impose maintenant la libéralisation de la poste, qui va, à n'en pas douter, remplir encore davantage nos boîtes aux lettres de courriers importuns. L'ouverture du marché en Suisse a amené la Confédération à édicter une nouvelle législation, avec une loi fixant les principes généraux, puis une ordonnance réglant la foultitude des détails pratiques qui vont se poser. Eh oui: la libéralisation du marché postal signifie qu'il pourra y avoir plusieurs sociétés pour acheminer le courrier, plusieurs aussi pour exploiter des cases postales, et que ces dernières devront être accessibles aux sociétés concurrentes chargées de distribuer le courrier. En outre, ces sociétés devront s'échanger toutes les données relatives aux changements d'adresses ou au réacheminements provisoires. Certains coûts devront être répartis de manière équitable entre les différents acteurs du marché.

Tout ce mic-mac administratif, qui a fait le bonheur des rédacteurs de la nouvelle ordonnance, devra être étroitement contrôlé par l'Etat. Au DETEC – le département en charge de ce secteur – et à l'OFCOM – l'office fédéral qui lui est subordonné –, on ajoutera la PostCom – la commission de surveillance – ainsi qu'un organe de conciliation. Tout ce petit monde pourra prélever des taxes de surveillance et des émoluments. Parmi les tâches de surveillance les plus utiles, on mentionnera le calcul des coûts imputables à l'obligation de fournir le service universel, calcul qui consistera à comparer le résultat financier effectif de La Poste SA (qui restera encore longtemps chargée du service universel) et celui qu'elle «réaliserait sans cette obligation»; déterminer ce qu'une entreprise pourrait gagner en faisant totalement autre chose, voilà une tâche dans laquelle Mme Elizabeth Teissier devrait exceller.

On voit par là que la libéralisation crée de nombreux emplois. Dans le secteur public.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 23 mars 2012)