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La fin du secret bancal

Sauvé par l'uniforme

A défaut de M. Jean-Luc Mélanchon, meneur de l'extrême-gauche renvoyé à ses beaux discours lors du premier tour de l'élection présidentielle, nos voisins français s'apprêtent donc à choisir entre deux de ses avatars, Mélanchozy et Mélanchollande, qui cultivent tous deux cette même obsession que le modèle original: «faire les poches» (sic) des Suisses afin de piller systématiquement les biens que des contribuables étrangers ont réussi à mettre en sécurité chez nous. Ce butin permettra à l'heureux élu – du moins l'espère-t-il – de mener un train de vie confortable pendant les cinq prochaines années et de repousser d'autant la banqueroute du régime.

Dans leurs efforts de rapine transfrontalière, ils seront aidés par tout ce que la Suisse compte de gauchistes médiatiques et politiques et de bourgeois honteux et confus. Il est en effet à la mode – depuis toujours pour les premiers et depuis ces dernières années pour les seconds – de considérer que le secret bancaire n'est pas défendable et qu'il est normal, au nom de la morale, que n'importe quel fonctionnaire du fisc puisse examiner en détail vos comptes et vos transactions. «Du moment que vous n'avez rien à cacher…»

On se réjouit de penser que ces mêmes personnes qui militent pour la transparence totale de l'individu face à l'Etat accepteront désormais, par souci de cohérence, que tous les endroits publics soient surveillés en permanence par des caméras de sécurité, que les vêtements masquant le visage soient prohibés lors des manifestations et que les mouvements contestataires ou alter-quelque chose soient systématiquement infiltrés. Car on ne voit pas de motif pour distinguer entre les inspecteurs du fisc et ceux de la police.

Ah si: l'uniforme…

Mais alors, peut-être suffirait-il d'obliger les agents du fisc à porter un uniforme pour que le secret bancaire soit sauvé?

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 4 mai 2012)