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Parti dans les décors

Du Très Grand au très petit

Certains lecteurs nous pressent de poursuivre ici la chronique des événements de Libye. Mais s'y passe-t-il seulement quelque chose qui mérite d'être commenté? Chaque semaine, les forces de la «Coalition» croient découvrir où se cache Kadhafi, bombardent le quartier en question, puis présentent leurs excuses en expliquant qu'elles ne visaient personne en particulier. Les Américains ont fait la même chose pendant dix ans en Afghanistan et au Pakistan avant de réussir à casser la baraque d'Oussama. Kadhafi, Ben Laden, c'est kif-kif (ou plutôt tifs-tifs: une fois dessus, une fois dessous). Bref, il n'y a rien là de très nouveau; c'est ce qu'on appelle le droit international. Tout au plus se prend-on à rêver parfois que ces méthodes expéditives réservées aux criminels internationaux puissent aussi être employées contre les délinquants «locaux» – si l'on peut dire – qui courent nos rues impunément.

En tous les cas, il apparaît peu probable que des élections aient lieu prochainement en Libye – puisque la «Coalition» a déjà décidé qui sont les représentants légitimes du peuple. En revanche, il y en aura cet automne en Suisse, et nos lecteurs comprendront que la présente rubrique accorde à celles-ci la priorité.

Dans le Canton de Vaud, les politiciens dits «de droite» qui s'apprêtent à marcher sur Berne réalisent que, partant désunis, ils risquent de ne pas arriver du tout. Or, voici qu'une poignée de braves démocrates, s'affirmant bourgeois, ont décidé de réagir… en fondant un nouveau parti. Un parti destiné, cette fois, à rassembler largement les électeurs. Il a d'ailleurs déjà entrepris de rassembler, outre-Sarine, des citoyens qui étaient autrefois membres de l'UDC mais qui s'y sont sentis mal à l'aise lorsque ce parti a commencé à avoir des idées. C'est donc – pour être exact – un parti suisse-allemand qui vient de créer une Abteilung dans le canton de Vaud, en se donnant la peine d'envoyer à la presse un communiqué en allemand et en français.

Ce nouveau parti promet de «s'engager avec conviction pour défendre les valeurs qui sont les siennes autour de trois mots clés: harmonie, force et cohésion». Que c'est beau! Certes, le texte passe un peu vite sur «les valeurs qui sont les siennes», mais il nous livre trois «mots-clés» – harmonie, force et cohésion – qui nous transportent d'émotion et qui, surtout, distinguent clairement cette formation politique de toutes les autres! Pour qu'on les distingue encore mieux, les dirigeants «bourgeois» du parti ont fièrement annoncé qu'ils soutenaient le nouvel impôt sur le travail revendiqué par le conseiller d'Etat socialiste Pierre-Yves Maillard.

Nous tairons ici le nom de ce parti. Par charité. Mais aussi parce que personne ne le connaît. Même ses responsables, dans les communiqués qu'ils adressent aux médias, réussissent à se tromper dans l'alignement des trois consonnes formant l'abréviation francophone! Dans le même ordre d'idées, ils ne savent pas libeller correctement leur adresse de courrier électronique: celle qui figure sur plusieurs de leurs communiqués officiels comporte une grossière erreur.

Dans ces conditions, on ne pourra pas vous en vouloir si, malgré tous vos efforts, vous ne réussissez ni à adhérer à ce parti, ni à voter pour lui aux prochaines élections.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 6 mai 2011)