Va et ne pêche plus
Certains lecteurs expriment l'avis – parfaitement respectable – que la présente rubrique pourrait, parfois, traiter d'autres sujets que de la médiocrité et de l'orientation politique des journalistes. Pour leur faire plaisir (aux lecteurs, pas aux journalistes), nous allons prendre la peine, aujourd'hui, de dire du mal des amis des animaux.
Nous ne parlerons pas de la réintroduction du lynx, du loup, de l'ours, du mammouth et du ptérodactyle au titre de la biodiversité, mais du bien-être des poissons. Des tout petits poissons. La presse people nous a en effet récemment appris qu'un pêcheur avait été traîné devant la justice et condamné à une amende de six cents francs pour avoir tué d'une manière non reconnue par la législation fédérale une perche qu'il venait de pêcher. Comme nous avons promis cette fois de ne pas dire du mal des journalistes, nous accordons foi à ce que le Matin relate de cette affaire.
On avait ri, il y a quelque temps, lorsqu'une poignée de fonctionnaires frappadingues avait concocté une nouvelle loi fédérale obligeant, entre autres, à toujours détenir les animaux domestiques par deux. On s'était gaussé de ce droit au regroupement familial des cochons et cochonnes d'Inde. Aujourd'hui, on ne rit plus. On réalise que les fous sont des fous furieux et qu'un jour ou l'autre, au petit matin, à l'heure où les dealers rentrent tranquillement se coucher et où les nettoyeurs ramassent les débris du mobilier urbain massacré durant la nuit, des escouades de policiers anti-émeutes risquent d'investir notre appartement pour vérifier si nous ne détenons pas illégalement quelque canari célibataire, ou si nous n'avons pas fait disparaître dans le sac de l'aspirateur le corps d'une araignée dont le décès n'aurait pas été accompagné du suivi médical prévu par la loi.
Exagération? C'est exactement ce que l'on nous aurait dit, il y a quelques années, si quelqu'un nous avait parlé d'une amende de six cents francs pour un minuscule poisson mort. Une amende pour une truite, on aurait compris. Mais là, on nous tend une perche! Il y a de quoi faire des sauts de carpe en criant: «Arrête!» Que dit la législation fédérale sur la manière la plus efficace de harponner – toujours par deux, c'est mieux! – ces grosses bestioles nuisibles que sont les écologistes?
(Le Coin du Ronchon, La Nation du 17 décembre 2010)
Nous ne parlerons pas de la réintroduction du lynx, du loup, de l'ours, du mammouth et du ptérodactyle au titre de la biodiversité, mais du bien-être des poissons. Des tout petits poissons. La presse people nous a en effet récemment appris qu'un pêcheur avait été traîné devant la justice et condamné à une amende de six cents francs pour avoir tué d'une manière non reconnue par la législation fédérale une perche qu'il venait de pêcher. Comme nous avons promis cette fois de ne pas dire du mal des journalistes, nous accordons foi à ce que le Matin relate de cette affaire.
On avait ri, il y a quelque temps, lorsqu'une poignée de fonctionnaires frappadingues avait concocté une nouvelle loi fédérale obligeant, entre autres, à toujours détenir les animaux domestiques par deux. On s'était gaussé de ce droit au regroupement familial des cochons et cochonnes d'Inde. Aujourd'hui, on ne rit plus. On réalise que les fous sont des fous furieux et qu'un jour ou l'autre, au petit matin, à l'heure où les dealers rentrent tranquillement se coucher et où les nettoyeurs ramassent les débris du mobilier urbain massacré durant la nuit, des escouades de policiers anti-émeutes risquent d'investir notre appartement pour vérifier si nous ne détenons pas illégalement quelque canari célibataire, ou si nous n'avons pas fait disparaître dans le sac de l'aspirateur le corps d'une araignée dont le décès n'aurait pas été accompagné du suivi médical prévu par la loi.
Exagération? C'est exactement ce que l'on nous aurait dit, il y a quelques années, si quelqu'un nous avait parlé d'une amende de six cents francs pour un minuscule poisson mort. Une amende pour une truite, on aurait compris. Mais là, on nous tend une perche! Il y a de quoi faire des sauts de carpe en criant: «Arrête!» Que dit la législation fédérale sur la manière la plus efficace de harponner – toujours par deux, c'est mieux! – ces grosses bestioles nuisibles que sont les écologistes?
(Le Coin du Ronchon, La Nation du 17 décembre 2010)