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Une nouvelle conception globale du racisme

En publiant de nouvelles propositions destinées officiellement à «améliorer la sécurité routière» (dans le genre: tout doit être tenté pour sauver des vies humaines, or les découvertes les plus récentes de la science montrent qu'une voiture à l'arrêt cause moins de morts qu'une voiture en mouvement, donc toutes les voitures devront désormais être arrêtées), le Conseil fédéral est accusé par certains – en ces termes précis repris dans la presse – de faire du «racisme anti-vieux».

On croyait jusqu'ici que le racisme se rapportait à la distinction, à la détermination, à la stigmatisation, voire à la discrimination des races humaines. Mais l'expression ci-dessus – forcément juste puisque c'est écrit dans le journal – ouvre de nouvelles perspectives insoupçonnées. Car si «les vieux» – on devrait dire «les seniors» pour être politiquement correct – constituent l'une de ces fameuses races qui n'existent pas mais que tout le monde identifie parfaitement et que l'on n'a pas le droit de discriminer, alors on réalise que l'on pourrait tout aussi bien faire désormais du racisme anti-Genevois, du racisme anti-écologistes, du racisme antijournalistes, du racisme anti-anti-racistes, du racisme anti-voisin-de-bureau, du racisme anti-éléphants ou anti-araignées, voire du racisme anti-légumes, du racisme anti-cigarette, du racisme anti-ascenseurs ou que sais-je encore.

Le récent Sommet de la Francophonie, en lieu et place de ses ennuyeuses déclarations sur la faim dans le tiersmonde, aurait pu utilement se pencher sur le problème du racisme anti-langue française.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 5 novembre 2010)