Tous mes articles

Le principe des Conseillers fédéraux-de-Dijon

La Suisse est un îlot de cherté, nous dit Mme Doris Leuthard (reprenant ainsi la théorie de certains professeurs d'économie, qui la tiennent eux-mêmes de quelques journalistes). Tout y est plus cher qu'ailleurs. En additionnant toutes les différences statistiquement réelles ou réellement supposées, on obtient autant de milliards de francs que lorsqu'on calcule le coût social du tabac, de l'alcool, des accidents ou des enfants.

Autant d'argent qui fait donc défaut aux consommateurs. D'où la grande idée de Mme Leuthard et de ses amis professeurs et journalistes: importer massivement des produits étrangers à bas prix afin d'augmenter substantiellement le pouvoir d'achat des ménages et de redynamiser ainsi l'économie helvétique pendant les quelques mois, voire les quelques années, qui précéderont la faillite des producteurs suisses qui ne vendront plus rien et la ruine de leurs employés privés de salaire.

Il y a quelques semaines, nous avions présenté ici même une autre proposition originale pour rendre la Suisse moins chère: diminuer le nombre des conseillers fédéraux de sept à zéro. Manifestement, l'idée n'a pas été retenue, ce qui nous vaut de découvrir aujourd'hui ce que les femmes ont à apporter à la politique en termes de collégialité et de solidarité. Mais le problème du prix n'est pas résolu, tant s'en faut.

Nous suggérons alors, à défaut, d'appliquer les principes de Mme Leuthard: après la clause cantonale, abandonner aussi la clause fédérale et autoriser l'importation de conseillers fédéraux étrangers moins chers, même s'ils ne correspondent pas aux normes helvétiques.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 8 octobre 2010)