Tous mes articles

Lexicomane

Lutter contre toutes les formes de dépendances. Telle est l'expression politiquement correcte par laquelle on désigne la volonté officielle de faciliter la consommation de n'importe quelle drogue tout en harcelant et culpabilisant les personnes qui boivent plus d'un verre de vin par semaine, qui mangent du foie gras entre les réveillons ou qui regardent la télévision ou jouent à des jeux vidéo sans garder les yeux rivés sur leur montre, négligeant ainsi de respecter les valeurs optimales décrétées par les découvertes les plus récentes de la science. Telle est l'habituelle dialectique sournoise des vieux soixante-huitards qui, sous prétexte d'égalité, revendiquent davantage de mansuétude pour les pires vices qui flattent leur idéologie et davantage d'intolérance pour les péchés véniels qu'ils honnissent.

Il est vrai que, de nos jours, il est plus facile de stigmatiser des vignerons ou des gaveurs d'oies plutôt que des vendeurs de drogue.

Certaines personnes estiment que cette sollicitude étatique va trop loin, ou même qu'elle ne suit pas une bonne direction. Certains vont jusqu'à affirmer que boire du vin est moins dangereux que de fumer du cannabis. Cela prouve indiscutablement la nécessité d'un effort accru d'information et de sensibilisation… Pourquoi les citoyens s'inquiéteraient-ils puisque l'Etat ne veut que leur bien?

Pour notre part, nous constatons au contraire que cette lutte contre toutes les formes de dépendances souffre encore d'une grave lacune: rien n'est entrepris pour libérer les politiciens et les fonctionnaires fédéraux de cette addiction particulièrement maligne qui les pousse à créer frénétiquement de nouvelles lois, ordonnances et autres réglementations sur tous les sujets possibles et imaginables, sans pouvoir s'arrêter. Osons le dire: la légiférite aiguë, avec les souffrances qu'elle cause au contribuable et les coûts considérables qu'elle entraîne pour la société, reste encore insuffisamment reconnue. Il faut agir!

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 24 septembre 2010)