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Grelottez et signez!

L'éditorial de la dernière Nation, qui annonçait le lancement du référendum contre le Cassis de Dijon, contenait une affirmation quelque peu présomptueuse et assurément invérifiable. On y lisait en effet: «Il faut montrer dès aujourd'hui à l'officialité fédérale que nous ne sommes pas disposés à nous laisser faire, même en plein été. L'affaire est difficile, sans doute, se déroulant durant la canicule, mais elle n'en est pas moins parfaitement jouable.» Or, si l'on excepte les deux ou trois derniers jours du mois de juin, on ne peut pas encore vraiment parler de canicule. A la montagne, les participants au «Camp de Valeyres» ont grelotté et ont dû se faire livrer en toute hâte des renforts de chandails, couvertures et autres laines chaudes. Pas mieux dans la capitale, avec une soirée à dix degrés maximum au Festival de la Cité. A cette température, les tempéraments tempérés ronronnent trois fois plus qu'ils ne ronchonnent; mais les personnes qui défaillent dès que le mercure chute en dessous de la barre des trente-cinq degrés auront eu un prétexte pour être de méchante humeur.

A quelque chose malheur est bon. Le caractère modérément estival de ce début d'été aura prouvé une fois de plus que le réchauffement climatique n'est qu'une théorie; il aura permis à l'auteur de ces lignes de livrer un texte de bric et de broc, honnête quoique sans prétention philosophique, avec quelques allusions ad personam que le lecteur moyen pardonnera (ou pas); et surtout, surtout!, il rendra d'autant moins difficile la récolte des signatures contre le Cassis de Dijon – liqueur ne convenant ni au chaud ni au froid.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 17 juillet 2009)