Tous mes articles

Monsieur Piétons contre les TL

La marche: acte social, exercice officiel, plaisir des hauteurs

Toute la nuance est dans le «s»: Monsieur Piétons n'est pas un simple quidam déambulant dans les rues de la capitale, mais un employé de la Ville de Lausanne chargé de faire marcher ses concitoyens.

Pressé de prouver son utilité, notre délégué aux piétons nous a d'abord expliqué les vertus écologiques et physiques de la marche. Il s'est ensuite distingué en calculant divers temps (records!) de parcours à pied au centre ville, qui ont effrayé les sportifs les plus chevronnés. Comme la carotte n'est rien sans le bâton, il nous gratifia de quelques diatribes contre le trafic automobile; c'est dans l'air du temps. Il ne manqua pas de fustiger la régulation des feux de la ville, trop rarement verts pour les piétons, et proposa de remédier au problème en installant des «radars» détecteurs de bipèdes.

Mais aux carrefours, les ouailles de Monsieur Piétons ne se heurtent pas seulement aux véhicules privés mais aussi aux transports publics. Lesquels viennent également après les déplacements pédestres dans la «hiérarchie» définie par le Plan directeur lausannois. Le fonctionnaire poursuit donc sa croisade. Peut lui chaut que les usagers des bus deviennent piétons en en sortant, ou que les piétons aient besoin des bus pour aller marcher plus loin: les TL ont des véhicules trop grands! Et de déclarer dans Banc Public: «Je suis d'avis qu'il faut arrêter d'adapter la ville aux plus gros et redonner au milieu urbain des espaces plus alpestres» (sic).

Pour faciliter la circulation des crétins des Alpes peut-être?

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 7 mai 1999)