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Radicalement vaudois

Le Vaudois n'aime pas choisir. Ou, plus exactement, il aime ne pas choisir. Quand il a le choix, il choisit de ne pas choisir. C'est dire si le système électoral ne lui convient guère! – mais là n'est pas le sujet. Cet amour du non-choix, aussi fort que celui des lois, on l'a vu s'illustrer admirablement dans l'épilogue de ce que la presse a appelé «la guerre des chefs» au sein de la police cantonale. Le gouvernement devait trancher, mais il était bien ennuyé car certaines personnes tenaient pour l'un des protagonistes et d'autres soutenaient l'autre. Si l'opinion avait été acquise entièrement au premier ou entièrement au second, on aurait pu liquider sans contestation le chef sans soutien, sans se demander s'il était moins bon ou plus coupable que l'autre. Tandis que là, on courait le risque de créer des mécontents. Ou plutôt des contents et des mécontents. Ça n'aurait pas été vaudois. On a donc trouvé une solution vaudoise: ne pas trancher. Ce qui consistait en l'occurrence à trancher partout, des deux côtés à la fois – tout en affirmant qu'on n'avait pas tranché et que les deux parties étaient d'accord de se retrancher. Plutôt mécontenter tout le monde que créer des contents et des mécontents qui pourraient ne pas être d'accord entre eux.

L'avenir dira si cette solution était ou non la bonne. Mais une chose est sûre: dorénavant, on sait qui ne commande pas, ici!

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 21 novembre 2008)