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Contre l'abaissement de l'âge de la retraite pour les moins nécessiteux

L'Union syndicale suisse a déposé une initiative populaire intitulée «Pour un âge de l'AVS flexible», selon laquelle les personnes qui cessent leur activité professionnelle et dont le revenu ne dépasse pas 119'340 francs par année pourraient prendre une retraite anticipée dès 62 ans au lieu de 65, et cela sans réduction du montant de leur rente.

Les conditions fixées pour cette retraite anticipée sont telles que 90% des personnes actives (85% des hommes et 98% des femmes) pourraient y satisfaire. C'est donc un droit quasi généralisé à une retraite à 62 ans qui est proposé par l'initiative. Dans une société caractérisée par un allongement de l'espérance de vie, par un allègement des conditions générales de travail et par un rapport décroissant entre le nombre des retraités et celui des actifs, on devrait songer à élever l'âge de la retraite et non à l'abaisser. Il est malhonnête de laisser croire aux gens qu'ils pourront vivre toujours plus vieux, travailler toujours moins, avoir toujours moins d'enfants et toucher malgré cela des rentes toujours plus élevées.

En l'occurrence, les responsables de la Confédération évaluent à 1,5 milliard de francs par an le coût des prestations supplémentaires réclamées par l'initiative. On peut toujours discuter du chiffre exact, mais il n'en reste pas moins qu'il n'y a pas de cadeaux gratuits.

Un aspect subsidiaire, souligné avec ironie par les opposants, est que la plupart des salariés modestes qui ont un deuxième pilier relativement faible renonceraient certainement à profiter de cette retraite anticipée, préférant travailler quelques années de plus afin d'améliorer ainsi le montant de leur future retraite. En d'autres termes, les bénéficiaires d'une retraite anticipée financée par l'ensemble de la collectivité seraient principalement des personnes disposant d'un train de vie déjà confortable. Est-ce vraiment le but?

S'il s'agit de proposer des solutions de retraite anticipée particulières pour certains métiers pénibles, on rappellera alors que cela existe déjà et continue de se négocier entre partenaires sociaux, non pas par le biais de l'AVS mais dans le cadre des plans de prévoyance professionnelle.

On voit ainsi que cette initiative constitue davantage un gadget électoral qu'une proposition raisonnable. Ce sera donc NON.

(La Nation du 7 novembre 2008)

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