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Le nez de Jean-Pascal

Un Sonderfall qui tourne au Sonderunfall

Jean-Pascal Delamuraz est allé parler en Valais, derrière un podium et sur l'Europe. Pour cacher son nez dont la forme a déjà failli causer un incident diplomatique, il y avait ajusté non seulement ses lunettes mais également un sparadrap. «J'avais oublié que même les limousines officielles peuvent avoir le coup de frein brutal», a-t-il expliqué, histoire de rappeler que les conseillers fédéraux ne se déplacent pas en trottinette.

Sur son nez, on pourrait écrire… oh! Dieu!… bien des choses en somme. En variant le ton – par exemple, tenez:

Campagnard: «Hé, ardé! C'est y un nez? Nanain! C'est queu'navet géant ou ben queuqu'melon nain!»

Ce fut un navet géant. Je parle de son discours. Vous imaginez la célèbre «logomachine» de Jacques Pilet et vous l'adaptez au style immuable de Jean-Pascal: «En finir avec le Sonderfall… en finir avec la culture du cas particulier… les temps où nous pouvions nous croire les meilleurs sont révolus… la Suisse doit se secouer… il nous faut apprendre à courir avec le peloton… qu'on le veuille ou non, nous sommes en état de globalisation universelle… des discussions dont nous sommes exclus, du fait du vote du 6 décembre 1992…». Vous remplacez ainsi la «logomachine» par la «toromachine» et vous lâchez JPD dans l'arène, jusqu'à ce qu'il aille se fracasser le nez contre la porte fermée du bureau de Jacques Santer et sans reproche.

Ç'aurait été Cyrano, on aurait rigolé; ç'aurait été Cléopâtre, on aurait déploré. Mais lui, que voulez-vous que ça nous fasse? Après tout, c'est lui qui a voulu courir avec le peloton.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 23 mai 1997)