Payer, oui, mais avec le sourire
Le droit de ne pas savoir où va notre argent
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«Parce que l'avenir des prestations publiques dépend aussi de vous… ou pourquoi payer des impôts.» Tous les Vaudois ont lu ce sympathique slogan.
Heureux temps où l'on nous demandait de payer et de la boucler. Personne n'était content de remplir sa déclaration d'impôts, chacun estimait sa part excessive, mais tous payaient parce qu'ils étaient obligés. Et c'était très bien ainsi, car les heureux bénéficiaires faisaient quand même un peu attention de ne pas pousser trop loin la colère du contribuable. Aujourd'hui, les hommes d'Etat et les fonctionnaires du fisc veulent être aimés. «Qu'ils me haïssent pourvu qu'ils me craignent», c'est fini. Désormais, nous sommes invités à payer toujours (c'est quand même l'essentiel), mais à payer de bon cœur, avec le sourire et une pensée émue pour toute les belles choses que l'administration va faire avec notre argent. On apprend ainsi que la majeure partie de ce que l'Etat reçoit vient de nos poches – souriez – et que la majeure partie de ce qu'il dépense va à l'enseignement, notamment à EVM – souriez toujours.
Enfin, dans un même grand élan de communication et de transparence, on nous rappelle que notre aimable contribution aidera à couvrir la dette et ses intérêts, plus de 5 milliards à la fin de 1996, et qui augmente de 1,3 million chaque jour, dimanches compris. Nous avons dépensé? Eh bien payez maintenant!
Outre que je suis opposé à l'augmentation de la dette le dimanche, je réclame le droit de ne pas savoir à quoi servent les impôts et de râler en les payant.
(Le Coin du Ronchon, La Nation du 18 février 1997)
