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C'est leur opinion et ils la partagent

Eloge de la rigueur du journalisme d'investigation

Dimanche.ch se veut un hebdomadaire sans complaisance et sans concessions, un journal qui bouscule le conformisme et dérange l'ordre établi, un condensé de regards critiques. Exemples choisis sur le dernier numéro qu'on a fourgué dans ma boîte aux lettres.

Pages 2 et 3, rubrique «mise au net». Enquête sur un artiste-peintre qui fréquente la bonne société sans jamais payer ses factures. Enquête à charge, les journalistes traquent les mensonges et les demi-verités, produisent des documents, s'acharnent sur l'infortuné barbouilleur. Page 5, rubrique «.ch». Les affreux Suisses ont renvoyés des Kosovars dans des zones infestées d'uranium appauvri. Là encore, nos vaillants détectives cherchent, accusent, dénoncent, critiquent - non pas les bombardements américains, bien sûr, mais le cynisme des fonctionnaires bernois. Page 6, toujours la rubrique «.ch». Ici, on apprend que deux avions russes en mauvais état sont désormais interdits d'atterrissage à Genève. Nos courageux justiciers ont découvert ça, ils s'étonnent, s'indignent, s'inquiètent de ces dangers qui sifflent sur nos têtes. Page 8, rubrique «c'est arrivé». Sous la plume sourcilleuse des inspecteurs de Dimanche.ch, le tragique décès d'un enfant dans les gorges du Trient devient une affaire sordide où une cohorte de personnalités valaisannes se retrouvent sur le banc des accusés. Dissimulation, profits juteux, tous les secrets sont percés.

Et ainsi de suite: erreurs médicales, tortures en Iran, restructurations à CNN, fillette martyrisée en Angleterre, tout est passé au peigne fin. Jusqu'à la page 11, où le sens critique s'arrête alors brusquement devant le magnifique portrait d'un petit homme barbu et pro-européen. Eblouis par tant de lucidité, décoiffés par le tourbillon des idées novatrices, nos fins limiers se transforment soudain en animaux de compagnie, les soupçons s'écartent devant le dithyrambe, l'interrogatoire est doux et prévenant. Ce n'est pas la soupe que servent les plumitifs du dimanche, c'est du caviar. Qu'il est touchant d'apprendre, par exemple, que l'infatigable promoteur de notre fusion avec Genève et avec Bruxelles garde des poèmes dans les poches de son veston!

Le titre de cette rubrique? «Entre nous»! Tout un symbole de l'ouverture aux autres.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 26 janvier 2001)