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La presse, c'est les autres! (II)

Fossoyeurs du PDC à Zurich, suppôts de l'UDC à Lausanne

La candidate pressentie pour assumer la présidence du Parti démocrate-chrétien s'est désistée après que le Blick et le SonntagsBlick ont révélé les frasques extra-conjugales de son mari. Est-ce une affaire privée? Est-ce une affaire politique? Vous n'y êtes pas: c'est désormais une affaire de journalistes.

L'Hebdo, journal romand bien pensant, qui couve en son sein des journalistes de talent mais ne les met guère en évidence, et dont le rédacteur en chef est une rédactrice en cheffe, vole au secours de la malheureuse politicienne. Entre femmes on se comprend... Mais pas entre journalistes, par contre. L'Hebdo s'en prend durement à la «presse de boulevard», «redresseuse de tous les torts, surveillante de tous les écarts, repéreuse de tous les blasphèmes». Comprenez que l'hebdomadaire de Mme Dayer, lui, n'est bien sûr pas comme ça. Qu'il n'appartient pas à la «presse populaire», ne surveille pas les politiciens, ne révèle rien qui puisse leur nuire. Pensez donc! Les journalistes, c'est les autres...

Magnanime toutefois, L'Hebdo offre à ces «autres» - les rédacteurs en chef du Blick et du SonntagsBlick - la possibilité de s'expliquer et de se justifier. Ce qu'ils font sans complexe, et même en contre-attaquant. Interrogé sur la discrétion de la presse latine à propos de la vie privée des politiciens, Bernhard Weissberg, du SonntagsBlick, répond de façon cinglante: «Oui, je sais. Mais cela donne l'impression que les journalistes et les politiciens observent des règles particulières, qu'ils s'arrangent entre eux. A cultiver ainsi des jardins secrets, on fait la part belle à Christoph Blocher, à ces accusations de copinage entre la presse et la classe politique.»

L'Hebdo accusé de faire le jeu de Christoph Blocher! On n'imaginait pas que les querelles internes du PDC mêneraient à une conclusion aussi amusante!

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 20 avril 2001)