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Jeunes et solidaires

Mais surtout solidaires

On va sauver la Fondation Suisse solidaire. Le projet imaginé en 1997 - en pleine panique face aux menaces américaines - prévoyait de soulager les affligés du monde entier de leurs peines passées, présentes et futures tout en gardant un petit quelque chose pour les pauvres de chez nous. Les esprits chagrins avaient jugé cet objectif trop ambitieux. Aujourd'hui, le Conseil des Etats mise sur un projet remanié, où «l'émotionnel a fait place au rationnel». On s'en tiendra donc à la prévention des génocides, à l'intégration des étrangers et à la lutte contre la pauvreté, la maladie et l'exclusion, tout en conservant malgré tout un catalogue «assez large», ce qui permettra sans doute de lancer d'autres programmes pour la réintroduction du dahu et l'interdiction des enquiquineurs.

Mais «la» grande idée qui devrait sauver la Fondation Suisse solidaire, c'est d'en confier l'administration à des jeunes! Fini la mainmise des vieux schnocks sur les ressources du pays! Place aux jeunes! Ah les jeunes... Quels jeunes? Ceux du CSAJ (Conseil suisse des activités de jeunesse), bien sûr! Leur président, l'éternel jeune Stéphane Montangéro, n'a en tous cas pas attendu qu'on le lui demande pour déclarer qu'il était prêt à s'en occuper.

Pourtant les vieux crabes se méfient des jeunes loups. Les ados ne sont plus ce qu'ils étaient. Ils sont de moins en moins nombreux à avoir vécu Mai 68... Parmi les générations plus récentes, il y en a qui sont membres de l'ASIN, votent UDC et refusent l'adhésion à l'UE. Aïe aïe aïe! Alors, pour le conseil de la future fondation, on a prévu une définition large de la jeunesse: il suffira d'avoir moins de 40 ans.

Les cinémas, les piscines et les transports publics accorderont-ils dorénavant le tarif «enfant» jusqu'à 40 ans?

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 1er juin 2001)