Tous mes articles

Sorcières, excusez-nous!

Quand l'Eglise se confesse

A l'époque où l'Eglise catholique régnait en maître et où l'on se confessait couramment, certaines personnes devaient avoir remarqué à quel point il était gratifiant de le faire ostensiblement: on montrait qu'on commettait des fautes - donc on passait pour humble - et on montrait aussi qu'on s'en repentait - donc on passait pour vertueux.

Dans la société actuelle, le pouvoir des journalistes a remplacé celui des prêtres, et les confessions sont devenues des conférences de presse, ce qui accroît notablement la réputation de celui qui veut en être la vedette. Présenter ses excuses au monde est désormais aussi indispensable qu'une certification ISO 9000. L'attrait de cet exercice est tel que l'on est prêt 1) à payer cher, très cher même dans certains cas, et 2) à remonter de plus en plus loin dans le temps pour trouver des fautes suffisamment sensationnelles.

Dans le registre «c'est moi qui suis le plus méchant et depuis le plus long-temps», ce sont les protestants qui détiennent aujourd'hui le record: 300 ans après les derniers procès en sorcellerie organisés à Zurich, l'Eglise réformée de ce canton a en effet reconnu sa responsabilité dans les persécutions dont ont été victimes des sorcières aux 16e et 17e siècles. On ne précise toutefois pas si celles d'aujourd'hui vont être indemnisées.

Sûr que pour le coup de la pomme, les descendantes d'Eve devraient sérieusement songer à demander pardon aux descendants d'Adam...

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 29 juin 2001)