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On a toujours besoin d'un plus faible que soi

Une équipe de chercheurs dénigre les élèves étrangers

Pour être digne d'intéresser leurs excellences les journalistes, une information doit toujours être «prouvée par une étude universitaire» et «bousculer les idées reçues». Alors pensez donc, quand une équipe de chercheurs de l'Université de Fribourg montre que, dans les classes primaires, la présence d'élèves étrangers, loin de retarder les progrès de leurs camarades, améliore au contraire les performances des petits Suisses, les scribouillards, ne se sentant plus de joie, ouvrent un large bec de plume et... laissent tomber un article des plus comiques (Journal du Nord vaudois, 18.6.2001).

Car l'explication de ce brillant résultat vaut son pesant de cacahuètes: c'est la présence en classe d'un «nombre élevé d'élèves étrangers faibles» (sic) qui pousse vers le haut les notes des élèves suisses. Ces derniers sont en outre favorisés par leur connaissance de la langue. Il en résulte que, comparativement, leur parcours scolaire est meilleur que s'il n'y avait pas d'étrangers. Cqfd.

Donc, si l'on comprend bien, on a payé toute une équipe de chercheurs pour prouver que les enfants étrangers sont pommes à l'école, qu'ils font baisser le niveau moyen des classes, et que même des Suisses médiocres, en comparaison, apparaissent brillants. Eh bien voilà qui bouscule en effet délicieusement les idées reçues!

Et pour s'empêtrer un peu plus dans le politiquement incorrect, l'article ajoute que «les élèves d'origine française, allemande ou autrichienne ont un parcours scolaire très proches de leurs camarades helvétiques», que «les élèves venus d'Italie et d'Espagne réussissent moins bien», et qu'ils sont de toute façon «mieux lotis que les enfants du Portugal, de la Turquie ou de l'ex-Yougoslavie», qui, eux, sont confrontés à des «difficultés scolaires». Les parents qui avaient une «peur diffuse des étrangers» vont être drôlement étonnés d'apprendre ça!

Qu'attend donc la Commission fédérale contre le racisme pour porter plainte contre cette équipe de chercheurs?

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 24 août 2001)