Des bonbons et des bobos
Halloween en Afghanistan
Un ami qui travaille dans une grande boîte internationale fulminait récemment en racontant comment ses chefs avaient suspendu des guirlandes de chocolats à travers les bureaux pour fêter la mise en place d'un nouveau logiciel. Le cérémonial kitch associé à ce non-événement lui semblait consternant de puérilité. Le pauvre n'avait encore rien vu...
Les agences de presse nous ont maintenant appris que des soldats américains ont fêté le largage du millionième colis humanitaire sur l'Afghanistan. Ces rations alimentaires, qui équivalent chacune à deux repas, sont parachutées quotidiennement depuis le début de la guerre par des avions-cargos, avant ou après le passage des bombardiers. Le gouvernement suisse s'est d'ailleurs empressé d'ouvrir notre espace aérien aux avions participant à ces opérations militaires, en jurant qu'il ne s'agissait pas d'opérations militaires. Le millionième colis, donc, portait une petite étiquette «un millionième» et a été jeté séparément dans la nuit du 30 au 31 octobre. Juste pour Halloween. On ne nous dit pas s'il contenait aussi une citrouille et un déguisement de squelette. Pour les Afghans pas de choix: des bonbons et des bobos!
L'officier responsable de l'opération a avoué sa fierté: «Cela vous donne le sentiment agréable d'aider les gens sur le terrain». Et un de ses supérieurs de renchérir: «Il y a des images partout montrant ces jeunes hommes et femmes et certaines personnes âgées récupérant la nourriture et ils semblent tous afficher des sourires sur leurs visages». Touchant n'est-ce pas? Cela méritait bien qu'on sable le champagne.
Verrons-nous un jour Ben Laden enrouler des guirlandes de chocolat sur son turban pour fêter le parachutage de pelles et de pioches sur Manhattan ou de masques de protection sur Washington? «Regardez comme ils ont l'air contents d'utiliser ce qu'on leur envoie!»
(Le Coin du Ronchon, La Nation du 16 novembre 2001)
Les agences de presse nous ont maintenant appris que des soldats américains ont fêté le largage du millionième colis humanitaire sur l'Afghanistan. Ces rations alimentaires, qui équivalent chacune à deux repas, sont parachutées quotidiennement depuis le début de la guerre par des avions-cargos, avant ou après le passage des bombardiers. Le gouvernement suisse s'est d'ailleurs empressé d'ouvrir notre espace aérien aux avions participant à ces opérations militaires, en jurant qu'il ne s'agissait pas d'opérations militaires. Le millionième colis, donc, portait une petite étiquette «un millionième» et a été jeté séparément dans la nuit du 30 au 31 octobre. Juste pour Halloween. On ne nous dit pas s'il contenait aussi une citrouille et un déguisement de squelette. Pour les Afghans pas de choix: des bonbons et des bobos!
L'officier responsable de l'opération a avoué sa fierté: «Cela vous donne le sentiment agréable d'aider les gens sur le terrain». Et un de ses supérieurs de renchérir: «Il y a des images partout montrant ces jeunes hommes et femmes et certaines personnes âgées récupérant la nourriture et ils semblent tous afficher des sourires sur leurs visages». Touchant n'est-ce pas? Cela méritait bien qu'on sable le champagne.
Verrons-nous un jour Ben Laden enrouler des guirlandes de chocolat sur son turban pour fêter le parachutage de pelles et de pioches sur Manhattan ou de masques de protection sur Washington? «Regardez comme ils ont l'air contents d'utiliser ce qu'on leur envoie!»
(Le Coin du Ronchon, La Nation du 16 novembre 2001)