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Kafka et la Fenêtre bleue

Internet par les nuls

Pour qu'un site internet - celui de la Ligue vaudoise par exemple - puisse être consulté par tout un chacun, il faut le faire héberger chez un fournisseur de services dont les ordinateurs sont reliés en permanence à la «toile» mondiale. Lorsqu'on fait ça pour la première fois, on s'adresse à la société B., la plus connue, celle qui détient un nombre considérable d'adresses électroniques privées en Suisse, une société zurichoise au nom anglais comme il se doit, filiale d'une ex-régie d'Etat au nom anglais comme il se doit.

A partir de là, on entre dans le monde du «web», ce mot anglais désignant en l'occurrence une toile d'araignée dont l'infortuné client de la société B. n'arrivera plus à se défaire. Peu de temps après le début du contrat par exemple, il ne peut soudain plus accéder à son courrier électronique. Les nouveaux codes d'accès qu'il a reçus sont faux. Il essaye de téléphoner à la société B. mais se trouve pris dans un ahurissant dédale de choix automatiques où il doit presser à peu près toutes les touches de son téléphone avant de se rendre compte qu'il tourne en rond et que personne ne lui répondra. Le déblocage du courrier électronique prendra finalement plusieurs mois!

Lorsqu'il apprend qu'une autre société pratique des prix cinq fois moins cher pour des prestations supérieures, l'infortuné client décide d'y transférer son site internet et de résilier le contrat avec la société B. Qui ne répond rien. Et qui envoie plus tard une nouvelle facture, comme si de rien n'était. Nouvelle lettre de l'infortuné client confirmant la résiliation. Pas de réponse, mais un rappel pour la facture impayée. Téléfax furieux confirmant la confirmation de résiliation. Pas de réponse, sauf un second rappel pour la facture avec cette fois des menaces de poursuites. Pour renforcer ce scénario kafkaïen, le numéro de téléphone de la société B. - qui est quand même beaucoup plus qu'une PME - aboutit, à n'importe quel moment de la journée, sur un répondeur en allemand qui ne nous permet pas de laisser un message. Bien entendu, le courrier électronique reste lui aussi sans réponse.

Voilà qui aidera sûrement les profanes à mieux comprendre désormais ce que représente le concept de communication virtuelle.

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 14 décembre 2001)