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La classe moyenne au cœur de la mobilité sociale

La notion de classe moyenne est incontournable dans les discours politiques. Elle exprime l’idée qu’on s’adresse à des gens «normaux», ni trop riches, ni trop pauvres. Mais comment la définir de manière précise? Selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), la classe moyenne comprend les ménages disposant d’un revenu brut compris entre 70% et 150% de la médiane (la médiane étant la limite entre les 50% inférieurs et les 50% supérieurs). Les statisticiens vaudois retiennent, à la place du revenu brut, la notion de potentiel de consommation, qui additionne le revenu disponible après déduction des dépenses obligatoires, ainsi qu’un quinzième de la fortune nette. On parle de classe moyenne inférieure pour les ménages qui se situent entre 70% de la médiane et la médiane elle-même, et de classe moyenne supérieure pour ceux qui sont en dessus la médiane jusqu’à 150%.

Sur le plan suisse (OFS mars 2022), une personne seule appartient à la classe moyenne si son revenu brut est compris entre 3945 et 8455 francs par mois; pour un couple avec deux enfants, on est entre 8285 et 17'755 francs par mois. Dans le canton de Vaud (Statistique Vaud décembre 2023), la classe moyenne correspond à des ressources financières mensuelles comprises entre 3400 et 7200 francs pour une personne seule et entre 7100 et 15'200 francs pour un couple avec deux enfants.

Les statistiques tant fédérales que cantonales constatent que la classe moyenne occupe une proportion relativement stable dans notre société: entre 54 et 61% de la population suisse (sur vingt ans) et entre 49 et 50% de la population vaudoise (sur les huit dernières années). Mais il faut aussi observer la mobilité sociale, qui amène des personnes à entrer dans la classe moyenne ou à en sortir. Au niveau suisse, en quatre ans (2017-2020), environ 23% des effectifs de la classe moyenne l’ont quittée, 13% vers le bas et 10% vers le haut. Pendant ce temps, 26% des personnes à faibles revenus ont atteint le seuil de la classe moyenne, et 27% des personnes qui étaient au-dessus de cette dernière y sont redescendues. Dans le canton de Vaud, en huit ans (2012-2020), 27% des personnes appartenant à la classe moyenne en sont sorties, 14% par le bas et 13% par le haut, tandis que 35% des personnes à faibles revenus et 25% de celles à revenus élevés ont rejoint la classe moyenne.

Ces chiffres indiquent une mobilité sociale bien réelle, sans être très élevée. Cette mobilité est plus substantielle si on la considère à l’intérieur même de la classe moyenne. Au cours de la période observée par la statistique suisse, 23% de la classe moyenne inférieure a pu accéder à la classe moyenne supérieure (en franchissant donc la médiane), et la même proportion a passé de la classe moyenne supérieure à inférieure. Quant à la statistique vaudoise, elle fait état de 27% de transferts de la classe moyenne inférieure à supérieure, et de 22% d’évolutions inverses. Globalement, plus de la moitié de la classe moyenne voit ainsi son niveau de vie évoluer, vers le haut ou vers le bas.

(L'Agefi, 12 janvier 2024)

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