Tous mes articles

Les marmottes

Dans les décombres du socialisme étatique et du racisme scientifique

La Ligue vaudoise a reçu à mi-juillet, par courrier électronique, un communiqué de la Société vaudoise pour la protection des animaux dénonçant le parc «Marmottes Paradis» aux Rochers-de-Naye. Tout ce qui est vaudois est nôtre, y compris les marmottes, donc jusque là pas de problème.

Disons tout d'abord que nous avons été peinés de ne pas trouver parmi les arguments invoqués une condamnation vigoureuse de ce nom barbare qui mêle des mots français à une syntaxe anglaise! Les marmottes francophones devraient absolument intervenir auprès de la SVPA!

En revanche, nous n'avons pas été exagérément surpris d'y lire une critique du but économique de ce parc. Plus que les animaux, c'est en effet souvent le socialisme que les écologistes veulent protéger, raison pour laquelle ils acceptent mal l'idée que les marmottes puissent attirer un public payant au lieu d'être pleinement à la charge de la collectivité. Rassurons tout de même les partisans du dogme égalitaire: il n'est apparemment pas prévu que les riches puissent voir de plus grosses marmottes que les autres!

Enfin, c'est avec un clin d'œil amusé que nous lisons dans ce communiqué des passages que n'aurait pas renié M. Joseph Arthur comte de Gobineau: «Nous avons préavisé négativement à l'exposition de marmottes d'origine étrangère à la Suisse, importées, ou d'espèces ou races qu'on ne trouve pas à l'état naturel dans notre région. En effet, certaines espèces étrangères ne s'acclimateront pas et le danger existe de voir des marmottes s'échapper des parcs, se disperser dans la nature et provoquer un métissage avec les marmottes de montagne, et importer des maladies inconnues chez nous jusqu'alors. (…) En excluant les marmottes d'origine étrangère, on a alors la possibilité de lâcher dans la nature les jeunes marmottes de 2 ans, qui, à cet âge, quittent la famille et le groupe; le risque de surpopulation est ainsi évité, de même que l'euthanasie des animaux en surnombre. Si dans un but zoologique et didactique des marmottes étrangères doivent être présentées, elles peuvent l'être en toutes saisons dans les bâtiments au moyen de films et d'animaux naturalisés.» Nous découvrons ainsi que les marmottes suisses et étrangères ne s'enrichissent pas de leurs différences, que la pureté raciale chez ce sympathique rongeur n'est pas un mythe, et que si les marmottes avaient eu le droit de vote en 1970, l'initiative du Dr James Schwarzenbach aurait peut-être été acceptée. On en frémit! Mais que fait donc le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les marmottes?

(Le Coin du Ronchon, La Nation du 16 août 2002)