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La Suisse est neutre!

La Suisse est divisée. D’un côté, la droite souverainiste, appuyée par une majorité des jeunes générations, souhaite que nous restions – ou redevenions – un Etat neutre, en évitant de prendre parti dans la confrontation en cours et en menant une politique de bons offices en faveur de la paix. Dans le camp adverse, on trouve les libéraux pro-américains, les socialistes antimilitaristes (à la louable exception du conseiller fédéral Alain Berset), les médias avides d’images dramatiques et une majorité de retraités, tous vivement encouragés par des lobbyistes ukrainiens et américains, qui appellent à un engagement militaire aux côtés de l’Ukraine, en commençant par vendre un maximum d’armes et de munitions.

Toute la difficulté réside dans la (re-)définition du concept de neutralité. Peut-on conserver ce terme tout en lui donnant un sens exactement inverse de celui qu’on lui reconnaissait communément jusqu’ici? Peut-on dire qu’on est neutre tout en prenant parti en faveur du camp qui nous plaît le mieux? Des experts affirment que oui. D’autres disent que non.

La réponse qui sera finalement donnée à ces questions sera intéressante. Très intéressante même! Personne n’ignore en effet que la neutralité est un concept non seulement politique, mais aussi climatique. On exige de nous que nous soyons climatiquement neutres à l’horizon 2050. Pourquoi attendre 2050? Pourquoi ne pas déclarer que nous le sommes déjà? Car enfin, si on peut être politiquement neutre en se battant aux côtés des belligérants, on peut sûrement être climatiquement neutre en émettant plein de CO2.

(Le Coin du Ronchon, La Nation n° 2222, 10 mars 2023)